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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, octobre 2007

En dépit du danger, les hommes du Mercy Corps rejettent armes et barbelés : ils sont pour « une stratégie d’acceptation ».

Une organisation américaine d’aide à l’Irak en guerre essaie de se faire accepter par cette population qui vit sur les rives du Tigre. L’eau est un facteur clé de la situation.

Mots clefs : | | | | |

Réf. : Dan Murphy, « Despite dangers, Mercy Corps rejects armed guards and razor wire in favor of an « acceptance strategy », The Christian science Monitor, 18 décembre 2003.

Langues : anglais

Type de document : 

La Mercy Corps est basée à Al Kut, ville du sud irakien. De son siège, on a une vue bucolique et l’on observe des buffles d’eau sur l’autre rive et des pêcheurs se frayant un passage parmi les papyrus sur leur barque à fond plat.

La Mercy Corps est une des rares organisations à avoir maintenu une présence en Irak après l’attentat qui a fait 12 victimes à la Croix Rouge. Elle promeut une « stratégie de l’acceptation » qui, selon elle, offre une meilleure protection que des gardes trop visibles ou des barrages massifs. Elle prône une consultation suivie avec les communautés locales.

Autour d’Al Kut, les besoins sont clairs. La région, à majorité chiite, a été lourdement privée sous le régime sunnite de Saddam Hussein. Les infrastructures partent en lambeaux et, du fait des sanctions dans les années 1990, la mortalité maternelle et infantile a enregistré des records.

Mercy Corps cherche à définir les besoins. Les projets ciblent autant l’irrigation à partir du Tigre que l’infrastructure routière.

Le chef de la tribu d’un des villages pauvres le long de la rive du Tigre résume bien la situation caractéristique de centaines d’autres cités : « Nous sommes écrasés. Notre école est sans entretien depuis sa construction en 1959. Notre réseau d’eau remonte au début des années 19970. Nous n’avons pas de routes dignes de ce nom ».

Et il poursuit : « En dépit du fait que on vit sur les bords du Tigre, l’eau est un gros problème. Le gouvernement ne permet aux agriculteurs de pomper l’eau du fleuve que trois jours par semaine. Il prétend que c’est pour la bonne gestion du Tigre mais c’est un pur mensonge. C’est en fait pour garder sous son contrôle les Chiites comme nous ».

Commentaire

L’eau, comme c’est souvent le cas, l’eau est un vecteur pour exprimer inimité ethnique ou religieuse. Ici, le régime sunnite de Saddam punit des villageois pour la simple raison qu’ils sont d’obédience chiite !

L’eau, comme c’est souvent le cas aussi, est la priorité des populations. Le cas de ce pauvre village chiite près d’Al Kut (sud de l’Irak) le montre à l’envi.

Comme de tout temps, l’eau permet au pouvoir despotique de maintenir sous sa coupe les populations. Le régime de Saddam applique là des techniques fort éprouvées et fort anciennes de tous les pouvoirs de cet acabit. Karl Wittfogel l’a remarquablement décrit dans son ouvrage maintenant classique « Le despotisme oriental » (Edition de Minuit, Paris, 1964 & 1977 pour la traduction française). Les mamelouks en Egypte interdisaient aussi l’accès à l’eau du Nil aux habitants frondeurs des quartiers populaires du Fostat (Le Caire aujourd’hui), affirme Gamal Ghittany, le grand historien et romancier égyptien.

En interdisant l’accès à l’eau du fleuve quatre jours par semaine, le pouvoir à Bagdad, sous Saddam, permet à ces malheureuses populations de ne pas mourir de faim certes mais aussi de ne pouvoir se préoccuper de rien d’autre que du pain quotidien.

Pénurie d’eau signifie aussi problèmes de santé, maladies hydriques et mortalité maternelle et infantile. Ce pauvre village chiite ne fait hélas ! pas exception.

Paix et concorde ont besoin, sous tous les cieux, de cette ressource unique et à nulle autre pareille : l’eau.