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, Berlin, juin 2009

Amazonie : destruction, vexation et spéculation.

Ce livre analyse les résultats, les logiques et le fonctionnement des interventions macroéconomiques, souvent financées par des organismes internationaux, qui à partir des années 50 ont entamé la modernisation du Brésil avec de grands coûts sociaux et environnementaux.

Mots clefs : | | | | |

Réf. : Réf. : Rizzo G. G., Ercolini M., Mantovani S., Tozzini S., Valentini A., Amazzonia Co Yvy Ore Retam, « Amazonie Destruction, vexation et spéculation », Roma, Gangemi Editore, 2005.

Langues : français

Type de document : 

L’ouvrage présente les résultats d’une recherche de 2002 du Ministère de l’Université et de la Recherche italien sur les transformations territoriales et du paysage soutenables au Brésil (en particulier dans quelques Etats de la soi-disant Amazonie Légale), soutenues par les politiques des organismes internationaux.

Le but de cette recherche est l’évaluation des changements, des problématiques et des possibles développements soutenables qui se vérifient en Amazonie sous la pression de deux grandes instances de changement : le gouvernement central et les financements internationaux.

Le livre est composé de deux parties.

  • Dans la première, cinq chapitres traitent des différents aspects des transformations macroéconomiques liées à l’altération, à l’exploitation et à la gestion des ressources naturelles et énergétiques du grand écosystème amazonien.

  • Dans la deuxième, des fiches synthétiques présentent les objectifs, les chiffres et les caractéristiques des plus importants programmes nationaux et internationaux de développement en Amazonie (comme les Polonoroeste, le Planaforo ou le Prodeagro).

Dans les deux premiers chapitres, les auteurs Silvia Mantovani et Antonella Valentini analysent d’un point de vue historique les modalités d’exploitation et les conséquences de l’accroissement du secteur primaire et de l’industrie du bois dans le bassin amazonien.

A partir des années 60 les causes principales de la déforestation (avec la perte de la biodiversité) liée au secteur primaire sont :

  • Les politiques des subsides et des aides fiscaux à l’agriculture et à la pêche de la junte militaire et des gouvernements suivants ;

  • Le développement des infrastructures, des installations et des transports dans l’objectif de la colonisation ;

  • L’accroissement global des financements internationaux pour des projets macro-économiques ;

  • L’emploi non approprié des technologies et des systèmes agricoles ;

  • L’impact du marché dû à l’augmentation de la demande et à la dévaluation de la monnaie brésilienne qui a engendré une augmentation des exportations de viande et un accroissement de l’élevage de bétail (« Hamburger Connection ») et de la monoculture de la soja (« or vert ») ;

  • Un véritable développement prédateur lié à l’exploitation des réserves de bois basé sur l’entrelacement des intérêts, souvent illégaux, des compagnies internationales, des intermédiaires et des communautés qui fondent leur existence sur le travail des bûcherons.

Depuis les années 90, sous la pression de l’opinion publique mondiale et des instances écologiques et sociales du Sommet de la Terre de 1992, se profilent des tentatives de réponse aux dégâts écologiques et sociaux produits par les développements économiques :

  • Les projets de récupération, de conservation ou de re-forestation ;

  • L’ajustement partiel des précédents programmes de développement ;

  • Les organisations internationales et la croissance de financements pour la protection forestière ;

  • La promotion d’études et des propositions de développement et de gestion soutenable des forêts qui se basent sur la diffusion de systèmes de certification forestière et sur l’implication de la population indigène.

Le troisième et quatrième chapitre, écrits par Michele Ercolini, traitent d’un point de vue historique, économique et social les activités d’extraction de la gomme, les activités minières ainsi que le rôle des seringueiros, habitants de la forêt qui vivent de l’extraction du caoutchouc de l’arbre dit seringueira, et des garimpeiros, les chercheurs d’or illégaux. En outre, l’auteur analyse les rapports de ces catégories de travailleurs avec les indios. Alors que les premiers, après une phase de conflit, finissent pour apprendre des indios l’art de la survie en équilibre avec la forêt, les deuxièmes seront toujours en relation conflictuelle avec les premiers. Grâce à l’activisme de Chico Mendes, leader du mouvement des seringueiros tué en 1988, les collecteurs de la gomme acquièrent une certaine autorité comme gardiens de la forêt. La campagne de Mendes se fonde sur trois concepts :

  • Le lien entre sauvegarde de l’environnement et défense des droits des peuples et des travailleurs ;

  • Le passage de la rivalité à l’alliance entre les travailleurs arrivés dans la forêt amazonienne pour extraire le caoutchouc et les indios ;

  • Les empates, des pratiques de résistance non violente constituées par des chaînes humaines et des assemblées publiques contre la menace de destruction de la forêt.

Le premier résultat collectif important des travailleurs de la gomme est représenté par les réserves extractives (à la fin des années 80 quinze réserves officielles couvraient presque deux millions d’hectares). Ces réserves sont des aires de forêt gérées par des coopératives de seringueiros en défense des indios et dans le respect de l’écosystème pour la récolte du caoutchouc, la pêche et la chasse non destructives. Celles-ci n’ont pu faire obstacle à la déforestation et à l’expulsion des populations que dans certaines zones.

L’agressivité des chercheurs d’or illégaux soit à l’égard des « indios » soit envers la forêt, a amené à exacerber deux dynamiques :

  • Les logiques d’exploitation de la forêt comme réserve de ressources naturelles ;

  • Les conséquences de l’extraction minière, jusqu’à une véritable destruction de certaines zones de la forêt amazonienne (par exemple la zone de la Sierra Pelada), en compromettant l’équilibre de l’écosystème.

Les batailles conduites par les « indios » contre les abus des « garimpeiros » et les campagnes des organisations internationales ont obtenu une reconnaissance importante.

Toutefois les menaces envers les indios et la forêt sont alimentées sans cesse par la corruption et les intérêts économiques globaux.

Le cinquième chapitre, rédigé par Silvia Tozzini, concerne la question énergétique amazonienne et, en particulier, l’impact macroéconomique et au niveau de l’écosystème de l’augmentation de la production énergétique au Brésil.

On peut identifier quatre phases dans la production brésilienne d’énergie :

  • 1) Entre les années 50 et 80 sont construis les grands barrages et les centrales hydro-électriques, considérés un des investissements les plus rentables par les bailleurs de fonds internationaux. Tels projets présentent un double visage : d’un coté ils semblent avoir des buts démocratiques avec leur promesses de progrès, mais d’autre côté, ils montrent une violence intolérable vis à vis de la nature et des sociétés locales.

  • 2) Dans les années 80 augmente la pression internationale contre ces barrages. Mais au même temps il y a la découverte des hydrocarbures, en particulier du gaz méthane, qui ouvre la route à des activités pétrochimiques et à la construction de longs gazoducs et des routes qui provoquent la déforestation.

  • 3) Dans les années 70 la dictature militaire démarre le programme nucléaire pour l’exploitation des gisement d’uranium.

  • 4) Dans les années 90 les grands projets hydro-électriques reviennent à la mode soutenus par un mouvement d’opinion qui considère la forêt comme une réserve de ressources à exploiter.

Dans ce scénario il n’y a pas d’espace pour une énergie propre et soutenable. Les installations hydro-électriques ont montré toute la fragilité du système énergétique.

Les grands bassins hydro-électriques, conçus pour réapprovisionner l’industrie, ont jusqu’à présent provoqué des grands dégâts et des transformations environnementale, sociales et du paysage.

Commentaire

Ce livre représente la constatation de la faillite du mythe d’un progrès alimenté par des interventions macroéconomiques financées par les programmes nationaux et les investissements étrangers.

En particulier, comme on peut le lire dans l’introduction, cette recherche met en évidence le rôle que « les multinationales prédatrices », les organisations publiques et les agences de financement internationales ont eu dans la déforestation et la destruction de l’écosystème amazonien. Leurs interventions macroéconomiques se sont révélées des « moyens de destruction ».

Même s’il y a eu un passage de projets visant seulement à la productivité du travail et à la rentabilité des investissements à des projets qui prenaient d’avantage en considération les questions environnementales, la déforestation, la disparition de la biodiversité, la menace aux populations indiennes et le piétinement de leurs droits ainsi que la transformation du paysage et l’augmentation des problématiques sociales ont drastiquement augmenté au cours des dernières années.

Comme il a été affirmé lors du Sommet de la Terre, il n’y a pas de développement sans défense des droits et de l’environnement.