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Experience file Dossier : Dossier Colombie

Audrey Morot, Grenoble, France, February 2006

Caractéristiques du processus des Communautés de Paix en Colombie

Des principes et des méthodes communs pour résister pacifiquement

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Une expérience non isolée

Pour répondre à la crise de 1997, plusieurs propositions ont émergé : des mécanismes de prévention, des réseaux d’appui, des systèmes d’alerte préventive et de dénonciation. Les processus ont donc été divers, tout en ayant des caractéristiques communes. Deux éléments similaires se détachent : l’application de principes communs et le soutien extérieur. La gravité de la crise humanitaire a entraîné la mobilisation d’organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme, d’entités de l’Eglise, d’institutions étatiques et de représentants de la communauté internationale. A partir de cette date, de nombreuses organisations ont donc commencé à jouer un rôle décisif dans l’introduction, la diffusion et la mise en œuvre de mécanismes de protection de la vie, de l’intégrité et de la liberté des communautés.

Des caractéristiques communes

Devant l’injustice du conflit et l’absence de l’Etat dans la région du Choco ont cherché des réponses alternatives propres pour protéger la population civile. Les Communautés de Paix en sont un exemple, d’autres processus se sont également mis en place, comme, la Communauté pour l’Autodétermination, la Vie et la Dignité, CAVIDA, créée en février 1999 pour le retour des déplacés sur leurs terres, soit dans les bassins du fleuve Cacarica. Leur projet de vie se basant sur des règles de vérité, de liberté, de justice, de solidarité et de fraternité, elles ont également signé des accords avec l’Etat (accords de Cacarica en décembre 1999) qui impliquaient un engagement de l’Etat auprès des communautés pour assurer leur retour dans de bonnes conditions.

Dans le Moyen Atrato, l’Association Paysanne Intégrale de l’Atrato (ACIA), créée en 1987 a elle-même établi des mécanismes de protection, ainsi que l’organisation indigène OREWA, créée en 1979.

De manière plus générale, les processus d’organisation et les communautés déplacées ont affirmé un principe de non implication dans le conflit, se traduisant par :

  • L’exigence que les acteurs armés ne soient pas présents sur les lieux de vie et de travail des communautés.

  • La revendication du droit de ne pas participer que ce soit directement ou indirectement aux hostilités, comme combattant, informateur ou logisticien d’un groupe armé.

  • La défense du droit à la vie comme principe fondamental.

  • La lutte pour la permanence sur le territoire et pour la défense de l’autonomie et de l’autodétermination.

  • Le respect des droits humains et du droit international humanitaire.

Les communautés ont créé également des espaces de dialogue avec les acteurs armés pour gagner en légitimité et en respect et tenter de diminuer les violences à leur égard, et ce bien souvent avec le soutien de l’Eglise catholique.

En corollaire au principe de non implication, les communautés et leurs accompagnateurs ont régulièrement dénoncé les faits dont elles étaient victimes. Cette tache a permis d’une part à rompre le mur de silence imposé par les combattants et par les moyens de communication, mais aussi à prouver la transparence et l’impartialité des organisations civiles face au conflit armé. D’autre part, ce travail constant de dénonciation a rendu visibles au niveau national et international, la majorité des faits de violence perpétrés dans le Choco.

Les communautés ont inscrit ces principes dans leurs règlements intérieurs pour le maintien du contrôle social et territorial des communautés.

Le dialogue avec les acteurs armés a permis également de diminuer la violence contre les communautés, de sauver des vies, de faciliter le retour de plusieurs communautés, de débloquer certains des blocus économiques et de faire reconnaître les communautés afro colombiennes et indigènes comme des acteurs politiques et sociaux.

La dénonciation et le plaidoyer constituent un corollaire important du principe de non violence. Les communautés et les organisations qui les soutiennent ont dénoncé régulièrement les faits de violations des lois nationales et internationales contre la population civile, tout en réclamant un engagement de l’Etat. Cette fonction a joué un rôle capital pour informer sur la situation dans le Choco et lui donner une visibilité et pour affirmer les principes de transparence et d’impartialité face au conflit armé.

De plus, ces organisations ont joué un rôle d’accompagnement important dans le processus d’interlocution avec les instances étatiques de Colombie.