Joseph Le Marchand, Paris, 2005
L’engagement actuel de la société civile pour la paix : ses réussites sur le terrain et ses défis pour l’élaboration d’une culture de paix
La résolution d’une guerre ou bien la gestion de situations potentiellement conflictuelles doivent passer par un dialogue, une concertation avec les populations concernées : la construction de la paix ne peut faire l’économie des facteurs culturels.
Les populations, leurs perceptions des conflits, leurs attentes et leurs rancœurs ont souvent été considérées comme secondaires par rapport à la solution politique ou celle de la pacification par l’économie.
Il est aujourd’hui devenu évident que la résolution d’une guerre ou bien la gestion de situations potentiellement conflictuelles doivent passer par un dialogue, une concertation avec les populations concernées, et ne peuvent faire l’économie d’une étude des facteurs culturels.
Ce glissement est particulièrement sensible au niveau des activités d’urgence et de développement menées par les ONG et les institutions publiques. On est passé d’une logique d’assistanat empreinte de néo-colonialisme à des actions impliquant en premier lieu les populations locales bénéficiaires : la nécessité du recours à des salariés locaux, la prise en compte des facteurs interculturels, le rejet de tout ethnocentrisme sont des credo aujourd’hui indiscutés parmi les praticiens de l’humanitaire.
Le terme de « culture » dérive du latin « cultum », substantif de « colere » : « cultiver » au sens agricole du terme. C’est la métaphore agricole qui signale une potentialité universelle transformable au moyen du travail : la culture, s’acquiert, se transmet, se construit ensemble, même si l’on peut trouver des terreaux plus fertiles que d’autres pour les types de productions de l’esprit.
La résolution d’une guerre ou bien la gestion de situations potentiellement conflictuelles doivent passer par un dialogue, une concertation avec les populations concernées : la construction de la paix ne peut faire l’économie des facteurs culturels.
La paix et la guerre ont besoin d’un imaginaire venant les justifier, les légitimer : la stratégie de la guerre ainsi que l’art de la paix ont besoin d’un soutien symbolique. Une paix durable est impossible sans une culture de paix.