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Ficha de análisis

, Bangkok, septiembre 2005

Les fondements de l’identité acehnaise : Islam et rébellion

Si le conflit acehnais tel que nous le connaissons aujourd’hui n’a émergé que depuis une trentaine d’années, il s’appuie sur des phénomènes d’un temps plus long. Que le sécessionnisme prôné par le GAM soit qualifié d’ethnique ou de civique, une chose est néanmoins certaine : l’identité acehnaise est l’une des principales dynamiques autour desquelles s’articule le conflit entre la province et Jakarta. Pour comprendre le conflit, saisir les piliers autour desquels s’est formée et s’articule l’identité acehnaise est donc un exercice indispensable.

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Au sens anthropologique, l’ethnie est communément définie comme un groupe humain caractérisé par une culture et une langue spécifique. Selon Max Weber, la communauté ethnique peut également être considérée d’un point de vue subjectiviste. Elle représente alors un groupe humain lié par la croyance subjective en l’existence réelle de ce groupe. François Barth propose quant à lui une conception dite « interactionniste », en précisant que l’ethnie n’a pas de contenu intrinsèque et objectif, tels que des traits culturels ou physiologiques, mais résulte de la production d’une frontière par un groupe vis-à-vis d’un autre groupe : l’ethnie se définit en relation avec l’autre, par la distinction, voire l’opposition (1). Lukman Thaib résume ainsi les différentes caractéristiques du groupe ethnique:

« The ethnic community has long been a socio-cultural pattern for human organization and communication. It holds in common a set of traditions unique to itself and not shared by others. Such traditions include common language, real or a myth of common descent or place of origin, distinct cultural practices and a sense of historical continuity. These primordial ties produce a strong sense of ethnic identity and solidarity and pave the way for the emergence of ethnic nationalism ». (2)

I. Le sultanat d’Aceh Dar al-Salam : unité politique, diversité culturelle

1. L’Etat-entrepôt : première forme d’organisation politique

Aceh est souvent considérée comme l’une des plus vieilles nations indépendantes de l’Asie du Sud-Est. Dans cette région, les premières formes d’organisations politiques se développent sur les côtes, sous forme de petites entités politiques et commerciales, très largement insérées dans les échanges régionaux et internationaux. Aceh est un exemple-type de ces Etats-entrepôts, dirigés par des Rajas convertis en Sultans avec l’arrivée de l’Islam. Assurant le contact entre le sous-continent indien et l’Asie Orientale, c’est cette région marchande d’Aceh qui, au contact d’autres peuples et notamment des Arabes, a été la première à accueillir l’Islam en Asie du Sud-est, lui valant le surnom de « fenêtre vers la Mecque » (Serambi Mecca). Dès les 7ème et 8ème siècles, l’Islam fait ainsi son apparition dans la région et le premier royaume islamique installé à Aceh est celui de Perlak en 804 (3).

2. Le sultanat d’Aceh Dar-al-Salam

Au fil des siècles, apparaissent alors dans la région les premières versions de pouvoir javanais à prétention archipélagique, avec notamment la formation de l’empire hindouisé de Majapahit au 13ème siècle, puis de l’empire musulman de Mataram au 17ème siècle. Aceh échappe cependant à l’influence de ces grands ensembles et conserve une totale indépendance. Le Sultanat d’Aceh Dar al-Salam (1524-1873) parvient même à s’imposer comme un pouvoir majeur dans la région. Souvent considéré comme l’Etat le plus puissant, le plus riche et le plus cultivé de cette zone (4), ce Sultanat s’est peu à peu construit à mesure des annexions de royaumes voisins. En 1607, Iskandar Muda, surnommé « le Nouvel Alexandre » (5), arrive au pouvoir. Le règne de ce Sultan (1607-1636) représente « l’Age d’Or » d’Aceh où fleurissait la littérature islamique alors que le gouvernement établissait des liens diplomatiques avec les Anglais et les Ottomans.

Pendant les 250 années qui ont suivi, le pouvoir des commerçants acehnais a peu à peu décliné, mais au 19ème siècle, Aceh est toujours un Etat souverain indépendant, reconnu internationalement, capable d’entretenir des relations diplomatiques avec le reste du monde et de signer des traités, notamment avec la Grande-Bretagne (6).

3. Diversité ethnico-linguistique

Le sultanat d’Aceh présente donc depuis plusieurs siècles les caractéristiques d’une organisation politico-religieuse indépendante. Pendant longtemps, ce pouvoir politique représente cependant le seul lien identitaire existant en Aceh, qui demeure pour le reste une région variée, habitée par de nombreux groupes ethniques et linguistiques.

Il est vrai que les langues parlées dans la région sont toutes d’origine austronésienne. Elles appartiennent au groupe malais et au sous-groupe acehnais. Tous les Acehnais utilisent par ailleurs la même forme d’écriture, qui correspond à un mélange particulier de caractères d’origines malaise et arabe (7).

Au sein du sous-groupe des langues acehnaises, cependant, plusieurs dialectes se sont distingués au fil du temps, freinant la communication entre les divers groupes linguistiques. Or, ces divisions correspondent aux divisions ethniques que l’on peut observer sur le territoire de l’ancien Sultanat ou de la province actuelle. On dénombre ainsi généralement neuf Sukus (ethnies) sur le territoire acehnais : le Suku Aceh, le Suku Alas, le Suku Gayo, le Suku Singkil, le Suku Tamiang, le Suku Kluet, le Suku Anek Jamee, le Suku Buloehee et le Suku Simeuleu.

II. Les Néerlandais : premiers ennemis, premières solidarités

1. Trente années de résistance à la colonisation

Le 26 mars 1873, le gouvernement néerlandais déclare officiellement la guerre à l’Etat indépendant d’Aceh, entraînant les Hollandais dans « the biggest, bloodiest and costliest military operation of Dutch colonial history » (8).

Ce n’est que dans les années 1880 que les Néerlandais parviennent à s’emparer du Kraton, le palais du Sultan, à Banda Aceh. Le souverain en fuite s’apprête à diriger une guérilla acharnée contre l’occupant. Les combats dureront plus de vingt ans, jusqu’à la capture du Sultan en 1904. Aceh passe alors entièrement sous contrôle hollandais.

Au cours de ces années de résistance, l’identité acehnaise se structure progressivement. Commence à se développer dans la région une longue tradition d’insoumission, accompagnée notamment de l’apparition de héros légendaires (9). La seconde clé de voûte de l’identité acehnaise de l’époque est la religion. Utilisé par le Sultan pour rallier les soldats contre l’ennemi chrétien, l’Islam devient au cours du conflit un lien primordial, progressivement renforcé par les atrocités des Néerlandais (incendies de Mosquées, etc). Suite au conflit, ce sont les Oulémas qui se transforment en dirigeants du mouvement de guérilla, actif jusqu’à la fin de l’occupation japonaise.

« In all, the Dutch war created what might be called a sense of intertwined regional and religious identity among the Acehnese » (10).

2. 1942-1949 : l’heure de la revanche

Les dernières attaques des Néerlandais sont particulièrement brutales, détruisant des villages entiers. En 1904, on estime qu’entre 50 000 et 100 000 Acehnais ont perdu la vie dans le conflit et que plus d’un million de personnes ont été blessées contre 10 000 morts du côté hollandais.

Mais la Seconde Guerre mondiale offre aux Acehnais l’occasion de reprendre le dessus sur la puissance coloniale. Pendant l’occupation japonaise, les mouvements nationalistes se renforcent en Indonésie comme dans toute l’Asie. Les jeunes nationalistes sont libérés, les masses mobilisées. Les Japonais permettent à la population de suivre un entraînement militaire (11). Sur l’île de Sumatra, le nouvel occupant donne un véritable coup de pouce à la reformation et au renforcement de la guérilla acehnaise.

Dès 1945, Sukarno et Mohammed Hatta proclament l’indépendance. Les Hollandais parviennent néanmoins à réasseoir leur domination sur l’archipel, à l’exception d’Aceh. La guérilla acehnaise est l’un des soutiens les plus efficaces de Sukarno, alors que la région devient la base des activités nationalistes : Aceh est la seule et unique région où survit la République indonésienne, entre 1945 et 1949.

De cette époque, Aceh conserve donc une importance symbolique considérable pour la construction nationale indonésienne (12) alors que la guérilla et l’insoumission deviennent des valeurs fondamentales dans l’identité de la province.

III. « Etat Pancasila » et première rébellion contre Jakarta : le Darul Islam

1. La construction nationale indonésienne (13)

En 1949, une fois l’indépendance acquise, le défi politique est immense pour l’archipel : comment unir cette « anomalie géographique, pure produit de la colonisation néerlandaise, rassemblant plus de 13 000 îles aux histoires, civilisations, cultures et langues disparates » (14). L’Indonésie est en effet un Etat multi-éthnique et multi-confessionnel rassemblant sur son territoire plus de 300 groupes ethniques (Suku Bangsa), cinq grandes religions considérées comme monothéistes (Islam, Catholicisme, Protestantisme, Bouddhisme et Hindouisme) et une incroyable variété de cultes traditionnels animistes. Or, « la diversité ethnique et religieuse, la variété linguistique et culturelle ne militent pas en faveur d’une structure politique unique » (15) et le nationalisme devient le plus puissant ciment unitaire face à la diversité de l’archipel.

La culture nationale se transforme en véritable « affaire d’Etat » (16). Il s’agit de développer le désir de vivre ensemble (17) par la mise en avant de points communs historiques et culturels. Le Bahasa Indonesia est proclamé langue nationale et enseigné dans toutes les écoles de l’Etat Unitaire de la République d’Indonésie (18), tout comme l’histoire de l’archipel, centrée autour de la lutte pour l’indépendance. La diversité elle-même devient un argument nationaliste, le pays adoptant pour devise Bhinneka tunggal Ika, « L’Unité dans la diversité ».

La rédaction de la Constitution est elle-aussi fondamentale dans le processus de construction nationale. Par son intermédiaire, il s’agit de trouver une forme d’organisation de l’Etat qui rassemble les peuples : l’Etat Pancasila est la philosophie choisie. Véritable « religion civile », cette idéologie énoncée par Sukarno dès le 1er juin 1945 proclame les cinq principes fondateurs de l’Etat (19), plus tard inscrits dans la Constitution indonésienne, la UUD45 (20). L’archipel se veut ainsi un Etat séculier, humaniste, unitaire, démocratique (sans être libéral) et soucieux de justice sociale. Il s’agit donc pour la jeune République de se fonder sur le compromis et le consensus, seuls moyens d’assurer la coexistence interethnique et intereligieuse sur un territoire si vaste, varié et morcelé.

2. Aceh : déception, frustration et première rébellion

Des mouvements rebelles se développent pourtant dès les années 50, revendiquant leur particularité et refusant d’adhérer à l’Etat indonésien tel qu’il leur est imposé.

A Aceh particulièrement, commence à se mettre en place un cycle de promesse-déception-rébellion entre Jakarta et certains leaders politiques locaux. Ainsi, dès 1951, les conflits d’intérêt apparaissent :

  • abolition du statut de province autonome d’Aceh ;

  • démantèlement de la 10ème Division de l’armée (essentiellement composée d’Acehnais) ;

  • positionnement de l’armée nationale sur le territoire ;

  • et suspension du droit de commercer directement avec Singapour et Penang (21), alors qu’avait préalablement été faite la promesse qu’Aceh se verrait reconnaître un statut spécial, en échange de sa contribution apportée à la lutte pour l’indépendance.

Après avoir solidement soutenu le mouvement de libération de l’Indonésie, les Acehnais changent donc peu à peu d’attitude. Le non-respect de la promesse initiale provoque la première rébellion d’Aceh contre Jakarta : le Darul Islam, (La Maison de l’Islam) dès 1953 (22).

Menée par Daud Beureueh et certains responsables religieux (Oulémas) à qui la lutte contre les Néerlandais a permis d’acquérir une certaine popularité et légitimité, la rébellion tente de faire pression sur Sukarno afin d’obtenir la mise en place d’un Etat islamique en Indonésie. L’objectif du mouvement politico-religieux qu’est le Darul Islam n’est donc pas l’indépendance. Au-delà d’Aceh, il entend faire de l’Indonésie toute entière un Etat islamique (le NII ou Negara Islam Indonesia, Etat Islamique d’Indonésie). Le Darul Islam n’est d’ailleurs qu’une partie d’un mouvement plus général, présent notamment en Sulawesi du Sud et à Java Ouest, même si la faction acehnaise est réputée pour avoir toujours conservé une certaine indépendance (23).

En 1954, le mouvement tient de nombreux centres urbains de la région et menace sérieusement le pouvoir central. Jakarta opte pour un savant mélange de diplomatie et de méthodes militaires. Dès 1957, Suharto impose une loi martiale générale afin d’apaiser les différents foyers de rébellion du pays (24) mais la solution forte s’accompagne de compromis politiques et en 1959, Aceh se voit accorder un statut particulier, « Daerah istimewa » ou « territoire spécial » (25). Celui-ci offre à la province un plus fort degré d’autonomie vis-à-vis du gouvernement central de Jakarta que celui dont peuvent jouir les autres régions de l’archipel, notamment en matière de religion, de mœurs, de loi coutumière (Adat) et d’éducation. La lutte armée continue néanmoins quelques années mais le Darul Islam s’essouffle et s’éteint en 1962.

Au milieu des années 1960, à la veille de la mise en place de l’Ordre Nouveau, la région d’Aceh présente donc des caractéristiques spécifiques au sein de l’archipel indonésien. La première est sans aucun doute le début de la structuration de l’identité acehnaise autour de deux piliers principaux :

  • La capacité à se révolter et à refuser la soumission à tout pouvoir extérieur ;

  • La religion : l’Islam est devenu au cours des différents conflits un point fondamental permettant l’unité et la mobilisation de la population acehnaise (26).

L’importance symbolique tout à fait particulière dont dispose Aceh pour la construction nationale indonésienne constitue une autre spécificité. La pointe Nord de Sumatra est non seulement l’endroit par lequel l’Islam a pénétré l’archipel mais également la seule région où la République d’Indonésie a pu survivre lors de la guerre de décolonisation. Enfin, les années 1950 ont été l’occasion de voir émerger les premières tensions avec le nouveau centre du pays. A partir du moment où l’archipel a acquis son indépendance, se met en place un cercle vicieux promesse-trahison de la part de Jakarta, phénomène vivement ressenti à Aceh et activement instrumentalisé par les leaders politiques locaux.

C’est marquée par cet héritage plus ou moins récent qu’Aceh assiste à la mise en place, au milieu des années 1960, d’un nouveau régime central : l’Ordre Nouveau. Ainsi, « Aceh’s Islamic identity and history of rebellion continue today, but the context of the current conflict is drastically different than previous fights » (27).

Notes

(1) Pour plus de détails, voir Géraud, Leservoisier et Pottier, Les notions clés de l’ethnologie, Armand Colin, collection Cursus, 2004 (chapitre 5, p.62 et suivantes)

(2) Voir L. Thaib, 2000, p.105-110.

(3) On trouve toujours des traces de cette histoire religieuse. L’Islam d’Aceh est réputé plus pieux et plus dur que dans le reste de l’archipel. A plus grande échelle, on peut dire qu’il s’agit d’un phénomène que l’on retrouve dans toute l’Indonésie. Les côtes ayant été les premières converties, elles ont encore tendance à être aujourd’hui plus pieuses que l’intérieur des terres, plus longtemps réticent à la conversion et pratiquant diverses formes de syncrétisme. L’Islam acehnais, même très pieux, conserve également des caractéristiques propres (« l’Islam asiatique » ) : il s‘est adapté aux moeurs locales (mélange avec matrifocalité, etc.). Pour plus de détails, voir J. Aquino Sapino, 2002.

(4) Pour plus de détails, voir L. Thaib,1996.

(5) Ce sont les observateurs européens qui le qualifient ainsi. Cf. Fernand Bernard, A travers Sumatra : de Batavia à Aceh, Hachette, 1904, cité par J. Barter, 2004, p.4.

(6) Voir le traité sur le site Internet du GAM.

(7) D’où sa qualification d’arabo-malais, première forme d’écriture présente sur l’archipel indonésien.

(8) J. Barter, 2004, p.6.

(9) L’histoire de Tenku Umar est ainsi toujours populaire dans la province (voir J. Aquino Sapino, 2002, p.28). Dans les années 1890, ce potentat local entre au service des Néerlandais contre d’importantes sommes d’argents, de l’opium et des armes. Il reçoit également un soutien logistique direct afin de construire une armée qui puisse aider les colonisateurs occidentaux à conquérir et contrôler l’intérieur des terres. Cependant, deux ans plus tard, ce sont les Néerlandais qu’Umar choisit d’attaquer, avec cette même armée. Tenku Umar fait partie de la galerie des héros que le GAM élève aujourd’hui en mythe (voir le calendrier officiel du GAM et les fêtes nationales, sur le site Internet officiel du mouvement).

(10) J. Barter, 2004, p.7. On peut observer un phénomène similaire dans des conflits plus récents, comme au Sud Thaïlande et à Mindanao, où des conflits contre des non-musulmans ont renforcé l’identité islamique des populations.

(11) « The Japanese occupation, although it lasted only three and a half years (1942-1945), was significant in providing the indigenous Indonesians with military training and mobilizing the masses, which was never previously allowed by the Dutch, and served as further impetus for pursuing independance. It was not surprising that Sukarno, a Javanese, and Mohammad Hatta, a Minangkabau, declared Indonesian independence on 17 August 1945, soon after Japanese capitulation », L. Suryadinata, 2002, p.3.

(12) « Acehnese resistance is fondly recalled by Indonesian nationalists, as the Republic survived only here » , J. Barter, 2004, p.5.

(13) Pour plus d’informations sur l’Etat indonésien, consulter également la fiche sur l’Ordre Nouveau (1966-1998).

(14) L.Thaib, 2000. Henry Kissinger, ex-Secrétaire d’Etat américain disait de la même façon : « Le terme d’Indonésie n’était qu’une expression géographique, jusqu’à ce que les Hollandais découvrent qu’il était plus efficace d’unir les îles des Indes Néerlandaises sous une seule administration » (cité par Hasan Di Tiro, 1981, p.138). L. Surydinata nous dit quant à lui que « This diverse population was put together by historical accident. Indonesia is the product of Dutch colonialism » (2002, p.2).

(15) F. Raillon, 1999, p.68.

(16) Ibid, p.93.

(17) Le nationalisme sukarniste se nourrit d’allusions à Renan, auteur dont le dirigeant politique indonésien s’est fortement inspiré.

(18) NKRI, Negara Kesatuan Republik Indonesia.

(19) Les cinq piliers de l’Etat Pancasila sont : la croyance en un Dieu unique ; une humanité juste et civilisée ; l’unité de l’Indonésie ; la souveraineté populaire (délibération et représentation) ; la justice sociale pour le peuple indonésien.

(20) Undang Undang Dasar 1945. Cette constitution unitaire a été proclamée en même temps que l’Indépendance, le 17 août 1945, après avoir été préparée par le BPPKI, structure créée pendant l’occupation japonaise pour l’Enquête pour la Préparation de l’Indépendance de l’Indonésie (groupe de discussion sur l’idéologie d’Etat et la future constitution). Cependant, en 1949, sous pression néerlandaise, l’Indonésie abandonne cette première esquisse pour une Constitution fédérale, adoptée en 1950. Suite aux nombreux désordres ayant cours dans différentes régions de l’archipel pendant les années 1950 (mouvements sécessionnistes en Iryan Jaya, aux Moluques et à Aceh, notamment), la UUD45 est remise en vigueur dès 1959. L’Indonésie abandonne alors définitivement l’option fédérale pour un Etat unitaire et centralisé.

(21) « Initially, Aceh was given the status of a province but in 1951, this status was abolished, resulting in the downgrading of the Acehnese leaders, the disbanding of Division X which was predominantly an Acehnese unit of the Indonesian army, and the suspension of the right to trade directly with Singapore and Penang », L. Suryadinata, 2002, p. 64.

(22) On peut rapprocher ces événements de la théorie de la frustration relative, élaborée par Ted Gurr dans Why Men rebel?. Cette étude place au centre de l’irruption d’un conflit la notion de frustration relative, soit l’écart entre les représentations des attentes et celles des satisfactions. Ces deux représentations sont conditionnées et variables. Ainsi, les satisfactions baissent avec l’échec de réformes libérales tandis que la richesse d’une minorité est « affichée » (hausse des attentes). A Aceh, le mécontentement populaire augmente avec les inégalités : il monte suite au manque de rétribution post-indépendance alors que le pouvoir des Javanais est de plus en plus mis en évidence.

(23) « It is important to note, however, that the DI rebel movement in Aceh acted quite independently from the NII’s central leadership en West Java, In fact the relationship between Aceh’s DI and the movement’s central leadership had always been strained, inter alia, by differences over key issues such as the structure of the State and the rebellion’s strategy » , R. Sukma, 2004, p.167.

(24) Notamment en Papouasie Occidentale et aux Moluques.

(25) C’est à cette même époque qu’est fait le choix d’abandonner le fédéralisme et de revenir à la Constitution fortement centralisatrice qu’est la UDD45 (1949).

(26) « These historical eras resulted in an Acehnese identity which is deeply islamic » , J. Barter, 2004, p.6. La langue acehnaise se distingue par exemple par une forte présence d’un vocabulaire d’origine arabe, notamment dans la terminologie académique et politique. Le terme «histoire» est l’arabe «Tawaikh». Les danses acehnaises sont également musulmanes, mimant la Guerre Sainte (Perang Sabil) ou la naissance du Prophète (Marhaban). L’articulation et la structuration des communautés acehnaises s’opèrent principalement autour des mosquées.

(27) J. Barter, 2004, p.7.