Astrid Fossier, Paris, janvier 2004
Histoire du Tibet
« Les Tibétains seront heureux au Tibet et les Chinois seront heureux en Chine. »
Il n’existe pas une histoire du Tibet, mais deux histoires. Ou plutôt deux versions des mêmes évènements : la version tibétaine et la version chinoise, deux manières profondément différentes de décliner les moindres faits. Il est difficile dans un tel contexte de rester objectif. Ecartelé entre un peuple tibétain qui a perdu son droit à l’autodétermination mais qui a également commis des erreurs stratégiques ; et un gouvernement chinois qui invoque parfois, au milieu de tant d’autres, des arguments basés sur une réalité tibétaine que l’on ne soupçonnait pas.
I. Le début d’un désaccord
Selon les annales tibétaines, le premier roi du Tibet régna en 127 avant Jésus-Christ. Ce n’est pourtant qu’au septième siècle après Jésus-Christ que le Tibet fut unifié, sous le règne du roi Songtsen Gampo (617-650), issu de la dynastie des Yarlung. Songtsen Gampo est aussi important dans l’histoire tibétaine que le fut Qin Shi Huangdi, premier empereur de l’histoire chinoise. C’est sous son règne qu’émergea un état tibétain uni.
Pour donner des bases à ce nouvel Etat, Songtsen Gampo oeuvra sur trois plans :
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La mise en place d’une législation ;
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La création d’un système de langue écrite ;
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L’apport d’une religion nouvelle, le bouddhisme.
Au niveau législatif, Songtsen Gampo est à l’origine des premiers textes de loi tibétains. Ces textes furent codifiés par ses descendants et formèrent petit à petit la structure de l’état tibétain. Pour doter la langue tibétaine d’un système d’écriture, il chargea son ministre Tumi Sangota de trouver un alphabet adapté aux sonorités tibétaines. Tumi Sangota partit pour l’Inde d’où il revint avec l’alphabet sanskrit toujours utilisé aujourd’hui. Au niveau spirituel enfin, lors d’une de ses conquêtes en direction de l’Inde, Songtsen Gampo découvrit le bouddhisme, qu’il décida d’introduire au Tibet. C’est donc sous son règne que la religion de Bouddha fit son entrée sur les hauts plateaux.
Songtsen Gampo était un grand stratège et un chef militaire respecté. Les conquêtes militaires tibétaines étaient nombreuses et si le roi du Tibet fut le rassembleur de son peuple, il créa également des liens forts avec les pays voisins, le Népal et surtout la Chine. En 634, Songtsen Gampo envoya une ambassade à la cour des Tang (618-907), dynastie maîtresse de la Chine. Cette ambassade avait pour objectif de conclure une alliance entre le Tibet et la Chine par l’intermédiaire d’un mariage entre Songtsen Gampo et une princesse de la cour des Tang. C’est effectivement au travers de mariages que le roi tibétain forgeait nombre de ses alliances : il avait déjà deux épouses tibétaines et une épouse népalaise. Malgré leurs réticences, les Tang cédèrent et en 641 la princesse chinoise Wencheng arriva à Lhassa, mettant fin à de nombreuses années de confrontations guerrières dans les zones frontalières entre les deux pays.
Mais ces conflits ne s’apaisèrent qu’un temps. Les fils de Songtsen Gampo étaient des guerriers redoutables qui tinrent pendant plusieurs siècles, entre 750 et 1000, de nombreux oasis et grottes stratégiques sur la Route de la Soie, artère commerciale alors la plus importante d’Asie. En 755 Trisong Detsen, descendant de Songtsen Gampo, monta sur le trône. Son règne marqua à la fois l’apogée de la puissance militaire tibétaine, les cavaliers des hauts plateaux envahissant la capitale chinoise Chang An en 763 ; et à la fois l’essor du bouddhisme au Tibet, Trisong Detsen déclarant en 783 cette religion religion d’état au Tibet. Il fit venir de nombreux sages indiens pour traduire les canons bouddhistes et différentes écoles de pensée fleurirent alors sur les hauts plateaux. On dit de cette époque qu’il y avait au Tibet autant de lamas que de vallées.
Mais à la mort de Trisong Detsen, l’unité du Tibet fut mise à mal par des guerres féroces contre les Ouighours, peuple voisin du Tibet et allié à la Chine. Le successeur de Trisong Detsen, Tridé Songtsen (800 ? - 817), entreprit de signer les premiers accords de paix entre le Tibet et la Chine. Ces accords se concrétisèrent en 821 sous le règne de son fils, Trisug Detsen (817-838 ? ), par la signature d’un traité de paix qui prit effet en 823. Ce traité avait pour but de délimiter les frontières respectives et de proclamer le respect de l’intégrité territoriale de chacun. Son texte était gravé dans les langues chinoises et tibétaines sur trois piliers, l’un placé à Lhassa, le deuxième fiché devant la résidence impériale chinoise à Chang An et le troisième érigé à la frontière sino-tibétaine. A la fin du texte du traité, on pouvait lire : « Les Tibétains seront heureux au Tibet et les Chinois seront heureux en Chine ». Mais les Chinois, bien qu’ils acceptent aujourd’hui qu’un tel monument ait existé, ne reconnurent jamais l’existence de ce traité de paix. Et lorsqu’ils mentionnent les inscriptions figurant sur les piliers, elles ne prennent évidemment pas le même sens : « L’oncle et le neveu sont convenus d’un commun accord que leurs pays ne font qu’un, qu’ils scellent un traité de grande union qui sera éternel et aura pour témoins les dieux et les mortels et sera toujours hautement apprécié par les générations à venir ».
On voit bien que ce traité marque le début d’un désaccord entre Chinois et Tibétains. Selon les Chinois, il est la preuve que des liens d’unité existaient déjà entre les deux pays, mais pour les Tibétains, ces liens n’étaient que commerciaux et économiques, leur religion et leur alphabet les rapprochant plus de l’Inde que de la Chine.
En 842, la mort de Trisug Detsen marqua le morcellement du royaume tibétain en d’innombrables principautés ennemies, et la fin de sa suprématie dans la région. L’essor du bouddhisme dans sa forme monastique, mis à mal par la situation politique qui se dégradait et par l’absence de stabilité, s’arrêta au Tibet central. Mais il se perpétua au Nord-est du Tibet, dans la province de l’Amdo. C’est dans cette même province que quelques années plus tard, des moines vinrent retrouver l’enseignement perdu pour le réimplanter au Tibet central. Cette réimplantation est ce que l’on appellera par la suite la « deuxième diffusion du bouddhisme » au Tibet.
II. Le Tibet sous influence Mongol
L’histoire se compliqua au début du XIIIème siècle, avec la domination Mongol en Asie. Gengis Khan (1167-1227), chef militaire Mongol redoutable, partit à la conquête de l’Asie. En 1206, il prit le pouvoir en Mongolie, et en 1233, six ans après sa mort, les troupes de cavaliers Mongols prirent possession de Kaifeng, alors capitale de la dynastie chinoise des Jin (936-1234). A cette même période, les assauts répétés des Mongols aux frontières tibétaines étaient de plus en plus violentes et les Tibétains, tout à leur développement spirituel et désarmés, ne pouvaient faire face. C’est pourquoi en 1240, Sakya Pandita, chef de l’école bouddhiste des Sakyapa alors très puissante, se rendit à la cour du prince Mongol Godan pour lui faire allégeance et placer le Tibet sous son autorité militaire. En 1271, Qubilai Khan, descendant de Gengis Khan, fonda en Chine la dynastie des Yuan (1271-1368). Selon les Chinois, le Khan donna alors le contrôle du Tibet aux Yuan, faisant alors des hauts plateaux une région administrative de la Chine. Cette version a évidemment toujours été contestée par le Tibet qui déclare que Chine et Tibet étaient deux entités distinctes au sein de l’empire Mongol. Qubilai Khan, considéré comme le protecteur des religions au sein de son empire, devint non seulement le protecteur du bouddhisme mais également un disciple des lamas tibétains.
Il est très important de bien comprendre le rapport qui se mit en place à l’époque entre les chefs spirituels tibétains et les chefs guerriers et politiques mongols car c’est une des clés de l’interprétation de l’histoire Tibétaine. Ce rapport est appelé Chöyön, exprimant la relation entre religieux et bienfaiteur, maître spirituel et protecteur temporel. Cette relation, qui unit fortement les Mongols aux Tibétains (au point que Altan Khan, grand conquérant mongol, fut celui qui donna le titre de Dalaï Lama aux chefs de l’école bouddhiste alors très puissante des Gelukpa) fut malheureusement victime de l’histoire, quittant peu à peu son inspiration spirituelle pour ne devenir qu’une relation de seigneur à vassal.
La période de domination mongole sur la Chine et le Tibet est extrêmement importante. Les historiens du Parti communiste Chinois y font remonter l’origine de la domination chinoise sur le Tibet. C’est selon eux sous la dynastie des Yuan et l’influence Mongole que le Tibet fut intégré à la Chine. Dans le Livre Blanc du gouvernement chinois sur le Tibet, il est dit que la dynastie Ming (1368-1644) hérita de la dynastie précédente des Yuan le droit de régner sur le Tibet. Mais les Tibétains affirment qu’il n’existe aucune évidence historique prouvant l’autorité des Ming sur le Tibet. Au contraire, affirment-ils, les relations se relâchèrent rapidement sous cette dynastie, les Ming accordant moins d’intérêt au Tibet et à son maître spirituel le Dalaï Lama.
III. La domination Mandchou
C’est sous les Qing que la relation entre le Tibet et la Chine se radicalisa. Au XVIème siècle, l’empire décadent des Ming fut l’objet des menaces mandchous. En 1634, Hung Taiji défit le dernier Khan mongol, repoussant définitivement ce peuple vers le Nord et marquant la chute de la dynastie des Ming. Or les Mongols ne s’avouèrent pas vaincus, et l’empereur Mandchou Kangxi fut même contraint de demander l’aide du Dalaï Lama, détenteur d’une forte autorité sur les Mongols, pour que ces derniers cessent leurs raids meurtriers aux frontières.
Malgré cette coopération, les Mandchous tentèrent d’asseoir leur pouvoir au Tibet et leurs troupes entrèrent à plusieurs reprises sur les hauts plateaux. En 1793, les Mandchous envoyèrent à Lhassa tout un contingent de cadres de l’administration impériale (les ambans) avec pour tâche d’organiser l’administration tibétaine alors dirigée par le Kashag (Cabinet des ministres) et les Kalons (ministres). Les vues diffèrent quant au rôle des ambans. Selon Pékin ils « guidaient » le Kashag et avaient des pouvoirs de décision très étendu, les Kalons, ministres tibétains, devant se soumettre à leurs ordres. De plus, ils géraient les affaires extérieures du Tibet et avaient le devoir d’entériner le choix des réincarnations des Dalaï Lama et Panchen Lama. Ils sont donc aujourd’hui considérés par les autorités chinoises comme une preuve de la souveraineté chinoise sur le Tibet. Mais le Dalaï Lama actuel soutient une autre version qui affirme que les ambans étaient uniquement là pour informer les Qing de la situation au Tibet et superviser les garnisons chinoises chargées de tenir les troupes Mongoles à distance. Ils ne jouèrent jamais aucun rôle dans les activités et les décisions du Kashag, déclare-t-il. Certains chercheurs considèrent aujourd’hui que le Tibet fut, sous la dynastie Mandchou, un vague protectorat chinois, mais que les officiels tibétains continuaient de gouverner leur pays avec leur propre législation et leurs propres responsables.
Avec la fin de la dynastie Mandchou, la Chine se désintégra. L’empire était en déclin, écartelé entre de nombreuses rivalités seigneuriales mettant le pays à feu et à sang. A partir de ce moment, la domination de la Chine sur le Tibet ne fut plus que symbolique. Or le Tibet commit à ce moment là une erreur qui eu de graves conséquences. Heureux de se voir libéré des velléités chinoises, il ne prit pas conscience de la nouvelle menace régionale représentée par les puissances coloniales telles que la grande Bretagne, et ne se prépara pas à lutter contre elles.
IV. Le Tibet, enjeu de luttes internationales
Au début du XXème siècle, le Tibet fut l’enjeu de rivalités entre la Chine, la Russie et l’Angleterre. Les Britanniques, alors présents en Inde, voyaient dans les hauts plateaux un débouché commercial d’autant plus attirant qu’il ouvrait une route vers la Chine. Ils firent plusieurs tentatives pour approcher les Tibétains et signer avec eux un accord commercial mais ceux-ci restèrent muets. Les Britanniques trouvèrent alors en la Chine un autre interlocuteur avec qui ils signèrent en 1876 les Accords de Chefoo. Ces accords, qui permettaient à l’Angleterre d’ouvrir cinq nouveaux ports en Chine, ne concernaient à priori pas le Tibet. Or à la fin du texte était rédigé un paragraphe déclarant que la Chine délivrerait à la Grande Bretagne les passeports nécessaires pour entrer au Tibet. En signant cet accord, les Britanniques furent les premiers à avaliser une autorité de la Chine sur le Tibet. Lorsqu’ils apprirent son existence, les Tibétains tinrent les accords de Chefoo pour non valides, mais sans pour autant prendre réellement conscience de l’importance de leur rôle dans la région et surtout des convoitises auxquelles leur position géographique les soumettait. Deux autres accords commerciaux furent signés entre la Grande Bretagne et la Chine, dans lesquels les Britanniques continuaient de reconnaître la souveraineté de la Chine sur le Tibet.
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Le premier fut signé à Calcutta en 1890 et visait à établir les frontières entre le Tibet et le Sikkim ;
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Le deuxième, appelé le Tibet Trade Regulation, fut signé trois ans plus tard, autorisant les Britanniques à installer un agent commercial au Tibet méridional et à exporter du thé indien ainsi que d’autres marchandises au Tibet.
Au début du XXème siècle, au delà de ses désirs de commerce, l’Angleterre commença à craindre l’influence grandissante des Russes dans la région. De peur que le Tibet ne tombe entre leurs mains, les Britanniques prirent les devants et en 1904, leurs troupes, menées par Sir Younghusband, entrèrent le 3 août dans la capitale tibétaine. Le XIIIème Dalaï Lama Thubten Gyatso (1876-1933) s’enfuit alors en Mongolie. Le Tibet lança plusieurs appels à l’aide à la cour des Qing mais ceux-ci restèrent muets, peut-être en raison des troubles qu’ils connaissaient à cette époque. Mais aujourd’hui, les historiens communistes Chinois admettent que ce fut une erreur de la Chine dans la défense de « son » territoire !
Le 7 septembre 1904, les autorités Tibétaines furent acculées à signer une convention avec les Britanniques, appelée « Convention de Lhassa ». Dans cet accord, le Tibet s’engageait à demander l’autorisation de la Grande Bretagne avant la signature de tout accord avec une puissance étrangère. Si c’était là une perte évidente d’indépendance, le fait que cette convention ait été signée bilatéralement avec la Grande Bretagne est aujourd’hui un des principaux axes sur lesquels se base le Tibet pour démontrer son indépendance passée.
Dès qu’elle su l’existence de cette convention, la Chine dénonça les manœuvres Britanniques : « Les anglais ne devraient pas conclure de traité avec le Tibet car un tel accord vole à la Chine sa suzeraineté » (Tibet mort ou vif, de Pierre-Antoine Donnet). Pour calmer la colère de la Chine, la Grande Bretagne trouva un compromis par la signature, le 27 avril 1907 d’un accord sino-britannique dans lequel il était fait mention du droit de la Chine de préserver l’intégrité territoriale du Tibet. Bien que les autorités tibétaines déclarèrent immédiatement nulle cette clause, l’étau se resserrait sur leur pays. Effectivement, en août de la même année fut signé un traité anglo-russe qui reconnaissait à la Chine une suzeraineté sur le Tibet et engageait les deux pays signataires à ne pas violer l’intégrité territoriale du Tibet ni à s’ingérer dans ses affaires extérieures. Ce traité coupait court à toute source de conflit possible entre la Russie et la Chine mais mettait à mal l’indépendance tibétaine en donnant une assise aux velléités de la Chine. En 1908, les troupes du général chinois Zhao Erfang envahirent le Tibet oriental. Deux ans plus tard, malgré les intercessions du XIIIème Dalaï Lama revenu expressément de Mongolie, Zhao Erfang entra à Lhassa. Cette incursion de l’armée chinoise au Tibet marqua un tournant dans les relations entre Lhassa et Pékin. Les expéditions antérieures de troupes Chinoises répondaient à un besoin de protection externe de Lhassa. Elles étaient « invitées » par le Dalaï Lama et le gouvernement tibétain. Mais cette fois ci, l’empereur des Qing essaya d’établir par la force son autorité au Tibet. Il n’eut cependant pas le temps de s’installer définitivement dans les quartiers tibétains puisque l’empire des Qing s’écroula sous les coups de la Révolution Chinoise en 1911, à peine un an plus tard. Le Dalaï Lama revint alors s’installer à Lhassa d’où il rompit tous les liens unissant son pays avec Pékin. Il renvoya tous les résidents étrangers ainsi que les trois mille hommes de l’armée chinoise présents sur le sol tibétain et proclama l’indépendance du Tibet. Mais, peu habitués aux manœuvres diplomatiques et politiques modernes, et malgré la signature d’accords avec d’autres puissances, les dirigeants tibétains ne firent pas explicitement reconnaître l’indépendance de leur pays par des pays tiers, comme le fit par exemple la Mongolie. Ce fut là l’erreur la plus grave commise par le gouvernement du Tibet, et qui allait avoir de terribles répercussions.
V. Le Tibet et la République de Chine
Pour éviter un nouvelle incursion chinoise et développer ses appuis extérieurs, le Tibet signa avec ses voisins toute une série de traités et d’accords comme par exemple le « Traité d’amitié et d’alliance », signé avec la Mongolie le 11 janvier 1913. La même année, le Tibet se para des attributs d’une nation indépendante, mettant en circulation sa propre monnaie, ses propres timbres postes, et faisant flotter son drapeau à Lhassa.
Mais un drapeau ne suffit pas à l’indépendance d’une nation. Le Tibet base aujourd’hui ses revendications sur les différents accords bilatéraux que l’on a vu précédemment, mais l’élément le plus important qui peut aujourd’hui justifier de son indépendance est la Conférence de Simla qui débuta en Inde en 1913. cette conférence tripartite regroupa la Grande Bretagne, le Tibet et la Chine autour de la question du tracé des frontières entre leurs trois pays (l’Inde étant alors une colonie britannique). Le tracé des frontières tibétaines fut reconnu lors de cette conférence par le plénipotentiaire britannique Henry Mac Mahon et la Chine, quant à elle, s’engagea à respecter l’entière « autonomie » du Tibet, sur lequel elle conservait toutefois une « suzeraineté ». Il n’était donc plus question de souveraineté, et le texte fut signé par les trois parties le 27 avril 1914. Mais le lendemain les autorités chinoises rejetèrent cet accord, qu’elles déclarent encore aujourd’hui nul et non avenu. Les frontières tracées lors de cette conférence ont été jusqu’à aujourd’hui une source de conflit, d’abord entre la Chine et le Tibet puis, après l’invasion du Tibet et son intégration à la Chine, entre Pékin et New Delhi. Ce conflit dégénéra même en guerre ouverte entre les deux géants asiatiques en 1962, le Tibet ne jouant plus le rôle d’état-tampon.
Notes
Je remercie Jean-Paul Ribes qui m’a aidé à mieux comprendre l’histoire tibétaine et ses interactions, nombreuses, avec l’histoire chinoise.