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, March 2007

Un conflit non résolu entre Israel et la Palestine

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De la construction de la paix lancée par les accords d’Oslo, il ne reste aujourd’hui qu’un souvenir rappelé avec nostalgie dans les divers « colloques sur la paix au Proche-Orient » organisés ici et là en Europe. Dans le même temps, ce même processus de paix est de plus en plus critiqué parce qu’il s’est avéré être fondé sur des bases très fragiles et parce qu’il n’a pas pu démentir les limites qui étaient malheureusement déjà inscrites « génétiquement » dans l’ADN du modèle de paix qu’il proposait. La reconnaissance réciproque d’Israël et du peuple palestinien, l’établissement d’une Autorité, un début d’émancipation économique et un espace réduit de souveraineté ont laissé la place aujourd’hui à une Palestine enclavée, parcellée par le développement des colonies, ainsi que par un « mur de séparation » qui annexe de fait à Israël une partie substantielle du futur Etat palestinien. Oslo et sa proposition d’une paix « par étapes successives » se sont révélés être rien de plus qu’une mystification politique au service des données sécuritaires israéliennes et d’une nouvelle géographie du contrôle : le passage d’un « contrôle territorial fixe à un contrôle réticulaire flexible » (Sylvie Fouet).

Ce qu’on ressent aujourd’hui est un très fort sentiment d’urgence et la crainte que la situation au Moyen-Orient n’échappe à tout contrôle si le processus de paix n’est pas immédiatement relancé. Mais faut-il encore utiliser le mot « processus » ? De quelle paix parle t-on quand il s’agit du conflit israélo-paletinien?

Nous partons de l’idée que le « processus de paix » qui a été promu jusqu’à maintenant par les principaux acteurs de la Région, n’a eu que le nom en réalité. Il n’a été qu’une modeste négociation sur des intérêts bien limités.

Le concept de paix peut avoir des significations très différentes. S’agit-il d’une paix positive, c’est-à-dire d’une recherche d’objectifs communs à poursuivre dans une coopération, ou d’une paix par défaut, qui n’est rien de plus qu’une guerre suspendue ? « Paix » peut signifier la fin d’un conflit, le fruit d’un compromis plus au moins équitable, mais aussi l’écrasement total de l’ennemi ; elle peut aussi signifier le retour du droit dans les relations bilatérales, mais également la capitulation de l’une des deux parties. Cette question de la définition de la paix est particulièrement intéressante et pertinente depuis que les relations israélo-palestiniennes se sont déroulées dans le cadre du « processus de paix » lancé à Oslo, il y a maintenant 14 ans. Au Proche-Orient l’ambiguïté du concept de paix s’est doublée d’une ambiguïté encore plus grande inscrite dans le concept de processus. Si les Palestiniens voient dans la paix le moyen de réaliser le droit à l’autodétermination, pour la grande majorité des Israéliens, la paix est le moyen de parvenir à la séparation.

Après l’isolement de la Bande de Gaza et de centres urbains de la Cisjordanie obtenus grâce aux accords d’Oslo et aujourd’hui encore plus clairement avec la construction du mur de séparation, les Israéliens tentent d’aboutir à une paix définie comme une « paix-séparation ». En ce sens « processus de paix » signifie, pour les Israéliens, la fin de la situation conflictuelle et le début d’une négociation décalée dans le temps. Pour les Palestiniens au contraire, « processus de paix » signifie un processus négocié, censé mettre fin à l’occupation. On est donc en présence de deux réalités contradictoires : pour les uns c’est l’occupation qui continue, en espérant que le processus puisse amener finalement à la réalisation du droit, pour les autres (les Israéliens) la paix est déjà en place et les négociations doivent en fixer le cadre final.

Lors du sommet tenu par la Ligue arabe à Beyrouth les 27 et 28 mars 2003, le Prince héritier saoudien Abdallah ben Abdel Aziz a présenté une proposition consistante à échanger « territoires contre paix » pour mettre un terme au conflit israélo-arabe. Cette proposition, dénommée Initiative de paix arabe, a été approuvée le 28 mars après avoir vaincu les résistances, entre autres, de la Syrie et de l’Irak.

L’initiative demande :

  • Le retrait complet d’Israël des territoires arabes occupés, y compris du Golan syrien, pour revenir à la ligne du 4 juin 1967.

  • Une solution juste au problème des réfugiés palestiniens.

  • La création d’un Etat palestinien indépendant et souverain dans les territoires palestiniens occupés depuis le 4 juin 1967 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.

En échange, les Etats arabes considèreront le conflit israélo-arabe comme terminé et signeront un accord de paix avec Israël. Tous les pays arabes établiront ainsi des relations normales avec Israël dans le cadre de cette paix globale.

Pourquoi Israël refuse-t-elle de saisir cette occasion d’une paix définitive ? La réponse n’est pas facile.

Une vraie paix demande des compromis partagés.

Les problèmes qui se posent s’articulent autour de plusieurs gros points sensibles. Le premier est le retour des réfugiés, chose sur laquelle les palestiniens devront faire un compromis. Le second souci, concerne la mise en place de deux territoires pour deux peuples. Ces territoires doivent êtres définitivement tracés, sur des frontières réelles, définitives et reconnues par les deux Etats. Il s’agit ici de mettre un terme à l’occupation.

Pour revenir à l’actualité de ces deux dernières années, il est important de mener une réflexion sur l’arrivée du Hamas au pouvoir en Palestine. Si d’une part le Hamas à la tête du gouvernement palestinien, ne favorise pas le processus de paix car il nie l’existence de l’Etat d’Israël, d’autre part, étant le choix démocratique du peuple, il est irréversible et indiscutable. La question est donc de savoir comment intégrer Hamas au jeu politique et diplomatique. Les conséquences dans la région ont été dramatiques et excessives. L’arrêt total de l’aide financière octroyée par les Etats-Unis et l’Europe, au Gouvernement palestinien en est un exemple, et la rupture totale de dialogue en est un autre. L’annonce d’un gouvernement d’unité nationale fait renaître l’espoir d’un dialogue entre les Etats de la Communauté Internationale et l’Autorité Palestinienne. C’est une véritable chance pour l’Europe qui pourrait finalement se démarquer de la position américaine et penser politiquement un peu plus dans la Région.

Le Quartette doit être en mesure de remettre à l’ordre du jour la feuille de route ou du moins de permettre aux deux gouvernements de s’asseoir à la table des négociations. Mais y a t il aujourd’hui une réelle volonté politique de régler ce conflit ?