Cyril Musila, Paris, mai 2003
Faiblesses et obstacles de la société civile congolaise dans l’engagement pour la paix
Difficultés de communication, divergence des intérêts et méfiance entre le gouvernement et la société civile.
Lorsque la seconde guerre civile a éclaté en 1998 en République Démocratique du Congo, les associations de la société civile ont mis en place une campagne nationale pour la paix durable. Cette campagne exprimait le refus de la guerre et la promotion du dialogue pour y mettre fin. En novembre 1998, des délégués des associations de la société civile se sont réunis au Centre Nganda à Kinshasa afin d’élaborer, avec des experts des milieux universitaires, un agenda pour la paix dans ce pays. Cet agenda a offert à la société civile la possibilité d’avoir un même langage face à la guerre et à ses enjeux. Il a permis de dégager une convergence de vues ainsi que des positions harmonisées sur la situation du pays. Il a traduit des convictions, celle du refus de la guerre et celle de la nécessité d’un dialogue politique comme solution pour y mettre fin. Il a également permis de se doter d’un document pour sensibiliser et mener un travail de lobbying sur la restauration d’une paix durable.
En dépit de ce dynamisme certain, cette même société civile a fait preuve de nombreuses faiblesses qui limitent l’impact de son action. Ces faiblesses sont de trois ordre.
I. Les difficultés de communication
Les organisations de la société civile n’ont pas fait preuve d’un développement institutionnel important au cours de ces dix dernières années. Cela est essentiellement dû à la faiblesse des ressources financières que la suspension de la coopération internationale depuis 1990 avec le gouvernement du Zaïre de l’époque et la guerre qui a coupé le pays en deux parties ont contribué à amenuisées.
II. La divergence des intérêts
On constate un développement d’intérêts contradictoires dans un même contexte. Face à des violations massives des droits de l’homme, par exemple, certaines organisations hésitent à se mobiliser ou soutiennent simplement des thèses des groupes armés alors que d’autres s’alignent sur celles du gouvernement. Pareille division empêche le développement d’une vision commune et limite la capacité de mobilisation de la société civile.
III. La méfiance entre le gouvernement et la société civile
Cette méfiance s’est traduite par l’hostilité et la répression contre la société civile. Ainsi les dirigeants politiques n’hésitent-ils pas à harceler les organisations des droits de l’homme. Cette situation a été vécue sous le régime de Mobutu, mais s’est poursuivie sous celui de Kabila et dans les territoires occupés par les mouvements rebelles.
Plus globalement, les facteurs qui bloquent le dynamisme et les actions de la société civile sont la guerre à l’est du pays et la présence des troupes étrangères, le manque de légitimité des pouvoirs qui gèrent le pays ainsi que l’absence d’un soutien international face à un conflit qui dépasse les capacités d’une société civile prise en étau.