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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Luc Mampaey, Grenoble, France, octobre 1999

EADS : naissance d’un géant européen et nouveaux défis

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La naissance de l’EADS (European Aeronautic, Defense and Space Company), résultat de la fusion des groupes aéronautiques français Aérospatiale-Matra et allemand DASA intervenue le 14 octobre 1999, marque un tournant majeur dans le processus de restructuration et de consolidation des industries de défense européennes.

L’émergence d’une identité européenne de sécurité et de défense (IESD) ne peut en effet se concevoir sans une européanisation de la base industrielle et technologique de défense (BITD), mettant un terme aux multiples duplications et compétitions intra-européennes. Après la création de l’EUROCORPS en 1992 et de l’OCCAR en 1998 (initiative conjointe pour les acquisitions d’équipements), ce rapprochement industriel confirme aussi le rôle moteur de l’axe franco-allemand pour la construction d’une défense européenne.

L’EADS, que pourraient rapidement rejoindre Dassault Aviation et l’Espagnol CASA, aura une position dominante dans l’aéronautique européenne et ravit à British Aerospace sa troisième place au niveau mondial. Mais l’EADS permettra surtout des négociations et des partenariats transatlantiques plus équilibrés avec les ’méga’ sociétés (Lockheed-Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon) dominant la BITD américaine.

N’y aurait-il donc que des avantages à la course au gigantisme ? Rien n’est moins sûr. Premièrement, les restructurations de la BITD aux Etats-Unis, menées au pas de charge, se sont révélées coûteuses tant en termes d’aides fédérales que de pertes d’emplois : peu après l’acquisition de MDD, Boeing a annoncé la suppression de 48.000 emplois sur un total de 238.000. Les consolidations européennes n’échapperont pas à ce scénario.

Deuxièmement, la concentration de tout le potentiel de développement de systèmes d’armes complets, depuis la R&D jusqu’à la production et la vente, autour de quelques géants industriels, privatisés, en situation de quasi-monopole et financièrement plus puissants que les Etats, pose des questions fondamentales politiques, économiques mais aussi sécuritaires.

La perception politique des rivalités transatlantiques des industries de défense est dépassée par l’ambition de celles-ci d’étendre le périmètre de consolidation au niveau mondial. Or il n’est pas démontré qu’une taille maximale, en dépit des rationalisations et économies d’échelle qu’elle permet, assure automatiquement l’efficacité maximale. Le problème est là : de quels instruments disposent encore les pouvoirs publics pour optimiser coûts et sécurité dans la politique de défense ?