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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’expérience

, Grenoble, mai 2006

La décennie internationale pour la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix pour les enfants du monde (2001-2010)

Les progrès en matière de culture de la paix ; un point à mi-chemin.

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L’ancien responsable du programme « Culture de la paix » à l’UNESCO, David Adams, depuis sa retraite nord américaine, continue à s’intéresser à l’évolution de la campagne lancée pour le développement d’une culture de la paix. Il a œuvré pour qu’un point soit fait à mis parcours de la « Décennie internationale pour la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix pour les enfants du monde » et qu’un rapport mondial puisse être présenté au Secrétaire général des Nations unies en vue d’une discussion à l’occasion de l’Assemblée générale du mois d’octobre 2005. Ce qui suit est la contribution de l’Ecole de la paix à cette collecte d’informations.

Depuis que les militants de la paix et les chercheurs et experts se sont approprié ce concept, c’est-à-dire à un moment qui coïncide avec la fin de la guerre froide et la recherche d’un nouvel ordre mondial, nous sommes particulièrement convaincus qu’il est beaucoup plus utile et constructif de substituer à l’ancienne opposition « guerre/paix » une nouvelle problématique « culture de guerre/culture de paix ». Dans notre travail quotidien, à la fois promotion de l’éducation à la paix et étude des conditions mêmes de la construction de la paix, nous observons effectivement un glissement progressif - trop lent certes, mais réel ! – de la culture de la guerre vers une culture de la paix.

Nous pouvons examiner deux domaines où ces avancées nous paraissent sensibles depuis le début de la décennie : la fin progressive de l’ordre militaire et la prise de conscience de plus en plus réelle de l’utilité d’une éducation à la paix entendue de manière large.

Les relations avec les militaires.

  • Les possibilités de dialogue avec ceux que l’on avait plutôt l’habitude, jusqu’à présent, de considérer comme les principaux responsables de la guerre et des malheurs qu’elle provoque, se multiplient. Nous en avons fait l’expérience nous-mêmes, par exemple, à l’occasion des rencontres du Forum Social Mondial où nous avons invité à trois reprises, à Porto Alegre et à Mumbai, entre 2002 et 2005, des officiers supérieurs français et aussi d’autres pays, des généraux et amiraux, à participer à des ateliers et à des débats à l’occasion desquels on a pu observer que leur intérêt pour ces échanges avec la société civile était réel et que leur présence dans ce cadre apparaissait également comme de plus en plus normale.

  • La nécessaire complémentarité entre les actions civiles et les actions militaires est clairement affirmée par les militaires eux-mêmes qui n’hésitent pas à plaider pour le recours prioritaire aux moyens civils de prévention et de traitement des crises. Nous pouvons témoigner de plusieurs situations ou circonstances où les militaires jouent un rôle constructif dans ce sens : par exemple, dans le sous-continent indien, des efforts d’apaisement dans le conflit entre l’Inde et le Pakistan sont le fait d’anciens officiers indiens et pakistanais ; au Brésil, le ministère de la Défense a à sa tête, pour la première fois, un civil. De plus en plus, les problèmes de sécurité relèvent du défi de la gouvernance globale et, à cet égard, on souligne la responsabilité première de la classe politique.

  • La reconversion d’installations militaires traduit non seulement une restructuration des moyens de défense mais aussi la recherche d’une nouvelle mission pour des équipements devenus inutiles : en Espagne, la plus grande forteresse d’Europe se cherche une nouvelle fonction par un échange entre militaires, autorités politiques et administratives locales, organisations de la société civiles ; en France, une communauté de communes des environs de Mulhouse entreprend d’accompagner la restauration d’un monument souvenir de la première guerre mondiale par une animation pédagogique pour éduquer à la citoyenneté ; une ville des environs de Lyon nous sollicite pour définir la nouvelle vocation d’un ancien fort en lui assignant un rôle dans la promotion du développement durable et de la culture de la paix .

Les progrès de l’éducation à la paix.

  • Les notions mêmes de paix et de culture de la paix se sont enrichies : elles intègrent plus largement, notamment, les aspects du développement durable et humain, de la sécurité humaine, de la gouvernance, de la co-responsabilité internationale. Nous sommes en relations, par exemple, avec une fondation que viennent de créer les autorités vietnamiennes (Viet Nam Peace and Development Foundation), qui associe étroitement la paix et le développement pour promouvoir la coopération entre les peuples, la protection de la vie et des ressources naturelles, le progrès humain, etc.

  • En juillet 2003, nous avons vu apparaître dans le bulletin officiel du ministère de l’Education nationale français des instructions relatives à l’éducation « au développement et à la solidarité internationale » visant « à faire comprendre les grands déséquilibres mondiaux et à permettre la réflexion sur les moyens d’y remédier, afin que tous les peuples et toutes les personnes aient le droit de contribuer au développement et d’en bénéficier ». Depuis deux ans, nous sommes engagés en Colombie dans la définition d’une stratégie d’éducation à la paix au niveau national qui associe tous les acteurs concernés dont le ministère de l’Education nationale colombien qui vient de lancer un programme intitulé « competencias ciudadanas ». Notons aussi la part qu’accepte de prendre le secteur économique à ces efforts ; les entreprises reconnaissent de plus en plus leur « responsabilité sociale » et s’impliquent plus volontiers dans le soutien à des programmes éducatifs à travers l’action de fondations.

  • Le réseau universitaire que nous avons mis en place à l’invitation du programme Culture de la paix de l’UNESCO pour promouvoir cette culture de la paix s’est développé puisque nous intervenons dans dix modules universitaires et que le nombre des stagiaires que nous accueillons est en constante augmentation. Nous sommes surpris par l’intérêt que suscite ce dispositif tant auprès des jeunes que des responsables d’institutions universitaires concernés ; il y a bien rencontre entre une offre originale et la prise de conscience de la nécessité d’une réflexion et d’une action dans ce domaine.

Le résumé du Rapport destiné aux Nations Unies est disponible sur le site : decade-culture-of-peace.org/fr/index.html.

La conclusion du rapport est simple. Selon la majorité des 700 organisations qui se sont manifestées à travers le monde, la culture de la paix avance, en dépit du manque d’intérêt des media et en grande partie des Nations Unies.