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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Bassin du lac Tchad et Paris, juillet 2012

Jeunesse et économie transfrontalière du carburant, de la motocyclette et du transport.

Entre Kousséri, Amchide ou Banki (Frontière entre le Cameroun et le Nigeria).

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Ces citernes stationnées dans la petite ville frontalière de Banki (Cameroun), à proximité d’une gendarmerie et à quelques dizaines de kilomètres de Maiduguri (Nigeria) illustrent un pan important – si ce n’est pas le plus important – de l’économie régionale du bassin du lac Tchad reposant sur le carburant de contrebande du Nigeria et l’usage de l’indispensable motocyclette.

L’omniprésence des échoppes de carburant et d’huile de moteur (dans les villes, les villages reculés et le long des routes) et de motocyclettes transportant des personnes et tous types de marchandises, ainsi que les capacités de mobilité de toute la région (nomadisme, transport routier et motorisé) dénotent le dynamisme et le poids de ce secteur économique qui emploie les jeunes, eux- mêmes transporteurs motocyclistes.

Une insécurité s’installe du fait de la circulation massive du carburant frelaté en provenance du Nigeria par divers canaux de transports.

En l’occurrence par :

  • Des camions citernes dont le réservoir est confectionné artisanalement à base de fûts découpés et assemblés pour offrir un réceptacle de volume et de forme conséquents (parfois jusqu’à une capacité de 60 tonnes),

  • Des fûts de 200 litres par camion,

  • Des bidons de 20 litres et 40 litres par voiture de tourisme, motocyclette et bicyclette ou à dos d’âne.

Ce carburant est vendu tout le long des routes et pistes des régions septentrionales. Le trafic revêt désormais un caractère quasi-institutionnel. Les autorités y perçoivent officiellement des taxes et accordent des documents officiels d’exercice d’activité. Le trafic semble être la principale source d’emploi et de revenu pour de nombreuses familles et les jeunes gens dans ces régions et pourrait donc paradoxalement jouer un rôle de stabilisateur social. De nombreuses pistes de contournement permettent aux trafics en tout genre de fleurir à l’abri de tout contrôle entre le Cameroun, le Nigeria, le Tchad, la Centrafrique et même au-delà. Le maillage sécuritaire de la frontière est faible, lâche et vulnérable à la corruption.