Le passage du militaire au politique pour la pacification du conflit armé interne au Nicaragua
La fin de la guerre civile en Amérique Centrale a débuté au Nicaragua
Le conflit qui traversait le Nicaragua dans les années 1970 concrétisait les efforts politiques d’adéquation du pays à la démocratie via la modification interne de l’élite dominante : pour s’adapter aux nouvelles contraintes politiques et économiques, les élites nicaraguayennes voulaient se débarrasser de la dynastie Somoza.
La famille Somoza avait monopolisé le pouvoir depuis trois générations. Ils géraient le pays comme si c’était leur patrimoine privé imposant un système à trois mesures : clientélisme vis-à-vis de ceux qui voulaient collaborer avec eux, exclusion pour ceux qui ne posaient pas de problèmes et répression contre toute forme d’opposition.
Suite à un mouvement national massif de résistance aux Somoza, la « révolution sandiniste » a permis de virer les Somoza du pouvoir et d’y installer une nouvelle élite socialiste. Cependant, le sandinisme était perçu par les élites traditionnelles nicaraguayennes, autant du côté conservateur que du côté libéral, comme un moyen de transition du régime Somoza vers un nouveau régime libéral.
Le peuple nicaraguayen s’est divisé en deux : d’un côté les sandinistes, d’un autre côté les libéraux. L’opposition aux sandinistes, qui avait pour autant participée à la « révolution sandiniste » , s’est réorganisée. Après s’être constituée en parti politique, elle a proposé un projet politique pour la Nation. Un nouveau combat se préparait.
Par la suite, grâce aussi à l’appui du gouvernement USA, notamment à l’époque de l’administration Reagan, le gouvernement sandiniste est devenu l’objet d’une opposition armée de plus en plus forte déployée par la nouvelle armée contre révolutionnaire : la « Contra » . Le conflit armé se prolongait.
Les nouveaux dirigeants sandinistes, faute de ressources, de personnel préparé à gouverner, et assiégés par une opposition de plus en plus puissante, entraient dans une crise interne évidente offrant ainsi à l’opposition la possibilité de la victoire par les urnes.
En mars 1988, dans un contexte de fin de guerre froide et de décomposition de l’Union Soviétique, l’élite nicaraguayenne, traversée par le clivage sandinistes/libéraux, arriva à un compromis pour arrêter les combats. Le président Ortega signa les premiers accords avec les responsables des « Contras » .
Un des éléments qui a joué un rôle important dans la pacification de l’Amérique Centrale a été la chute des régimes communistes en Europe centrale et de l’Est. Lors d’une visite au Nicaragua sandiniste en 1989, le ministre soviétique des Affaires étrangères, M. Chevardnadze, laissait entendre que l’URSS ne pouvait plus soutenir l’option révolutionnaire en Amérique Centrale. L’une des conséquences de l’ébranlement du block communiste européen pour leurs sympathisants centraméricains a été le cesse de cet appui matériel ainsi que la crise de l’esprit utopique.
En 1989 se déroulèrent la 3ème et la 4ème Réunion des Présidents centraméricains. Ils y prirent des décisions pour réduire l’importance et la puissance de l’armée sandiniste et pour convertir les mouvements d’opposition armée du Nicaragua en mouvements d’opposition pacifique.
Au début des années 1990 les dirigeants sandinistes avaient été évincés du pouvoir par le vote populaire. La droite conservatrice, débarrassée des Somoza, reprenait les rennes du pays.
Commentaire
Le cessez-le-feu au Nicaragua a marqué le début de la fin de la guerre civile centraméricaine. Il ne s’agissait pas seulement d’un changement formel, c’était un signe du changement général en Amérique Centrale : après des années de recours à la violence, le débat politique commençait à prendre le pas sur l’affrontement militaire.
Par la suite, si le cessez-le-feu a été effectif, il revenait à la société nicaraguayenne de mettre en place les conditions sociales, politiques, économiques, etc. pour la construction de la paix.