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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’expérience

, RDC, février 2015

Le partenariat Union Africaine – Union Européenne sur la paix et la sécurité

La paix et la sécurité sont des conditions nécessaires pour garantir le progrès et le développement durable. Sous la houlette de l’Union africaine, l’Afrique a redoublé d’efforts pour prévenir, gérer et régler les conflits. Sauvegarder la paix et la sécurité est essentiel pour le progrès à long terme et le développement durable. La stabilité d’une région présente des avantages d’une portée considérable pour les régions voisines et au-delà.

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Selon la Feuille de route 2014-2017, qui a été adoptée lors du Sommet UE-Afrique en avril 2014, l’objectif stratégique de la coopération entre l’Afrique et l’UE en matière de paix et de sécurité consiste à assurer un environnement pacifique, sûr, sécurisé et contribuant à garantir la sécurité humaine.

Renforcement des capacités des partenaires africains

L’UE s’est engagée à renforcer les capacités de l’Architecture Africaine de la Paix et de la Sécurité (APSA) en mettant l’accent sur l’amélioration des capacités continentales et régionales de prévention, de gestion et de résolution de conflits. L’APSA a été conçue par l’UA et les Communautés économiques et régionales (CER) africaines pour apporter une structure de sécurité faîtière en vue d’une réponse structurelle et à long terme au défi de la paix et de la sécurité sur le continent africain. Plusieurs programmes de renforcement des capacités financés par l’UE visent actuellement à accroître les performances et l’efficacité de l’Union africaine et des Communautés économiques et régionales dans ce contexte. Certaines de ces initiatives portent sur les principaux éléments de l’APSA, comme la mise en place de la Force africaine en attente et du Système continental d’alerte rapide. L’UE soutient également les liens et le dialogue entre l’UA et les CER mandatées pour des missions de paix et de sécurité.

À travers le mécanisme d’appui à la Joint Africa-EU Strategy (JAES) ou Stratégie Conjointe Afrique-UE, la Commission européenne et la Commission de l’Union africaine (CUA) ont facilité une conférence interdisciplinaire sur l’APSA. Cette conférence, organisée au Burkina Faso en octobre 2013, avait pour objectif de renforcer la réflexion politique et le dialogue entre chercheurs et experts d’universités africaines et européennes, think tanks et instituts sur l’avenir du soutien de l’UE à l’APSA. Ce forum a formulé des recommandations pour le 4e Sommet UE-Afrique en vue d’améliorer l’efficacité de l’APSA.

La Force africaine en attente (FAA)

La Force africaine en attente (FAA), un pilier majeur de l’APSA, est conçue comme une force multidisciplinaire incluant des composantes civiles, militaires et de police. Au total, cinq forces en attente, de la taille d’une brigade, seront mises en place au niveau régional en vue d’un déploiement possible et rapide dans les situations de crise. Les pays contributeurs de troupes se chargeront de la formation de base des trois composantes, tandis que les Communautés et mécanismes économiques régionaux assureront la coordination régionale des activités et de la formation. La CUA est chargée de formuler des lignes directrices générales pour la formation, d’élaborer des procédures opérationnelles et d’assurer la certification des forces. La FAA devrait être pleinement opérationnelle en 2015.

Le programme de soutien de l’Union européenne à l’Architecture africaine de paix et de sécurité est, entre autres, axé sur le renforcement des capacités en vue notamment d’améliorer l’efficacité de la FAA. En outre, le Programme de soutien de l’Union européenne aux centres de formation africains dans le domaine de la paix et de la sécurité contribue au développement des capacités et de la politique de formation pour la FAA. L’UE apporte son aide, par ailleurs, à AMANI AFRICA II, un cycle de formation et d’exercice en matière de prise de décision, de gestion et de déploiement stratégiques de la FAA. Un soutien aux activités de transport stratégique, de communication et de logistique est aussi prévu au titre de ce programme, de façon à répondre aux besoins à long terme relatifs à la mise en place d’un éventail de capacités durables pour la FAA. Dans ce contexte, l’UE a récemment financé une évaluation des progrès de la préparation opérationnelle de cette force.

En outre, 12,5 millions d’euros ont été engagés en décembre 2013 par le biais de l’APF en vue de soutenir la mise en place d’un Système de commande, de contrôle, de communication et d’information. L’objectif est de fournir des données, des services vocaux et des services vidéo sécurisés par le biais d’une communication satellitaire entre l’Union africaine, les organisations sous-régionales et les missions de paix déployées à l’échelon national. Il fournira également des systèmes informatisés pour la transmission d’ordres et la production de rapports et de cartes pour la gestion des opérations sur le terrain. L’UE contribuera ainsi à mieux équiper les organisations régionales africaines dans le domaine de la paix et de la sécurité.

Le Mécanisme d’alerte rapide

Un Mécanisme d’Alerte Rapide (MAR) ou Early Response Mechanism (ERM) a été mis en place en 2009 afin d’améliorer la flexibilité de l’APF et de permettre à l’UA et aux organisations sous-régionales de réagir rapidement et de manière structurée aux conflits. Ce mécanisme vise à mobiliser un financement immédiat pour faciliter les premières phases d’actions axées sur la prévention, la gestion ou la résolution des crises, comme la préparation des processus de prise de décision et la préparation des opérations de paix envisagées ou encore le lancement d’initiatives de médiation. Depuis sa création, ce Mécanisme d’alerte rapide a permis de financer plus de 20 interventions axées sur la médiation, les droits de l’homme et le lancement d’opérations de maintien de la paix.

Quelques Opérations de maintien de la paix (OMP) sous conduite africaine

L’UE soutient actuellement, par le biais de l’APF, les opérations de maintien de la paix suivantes dans les pays africains. Le financement couvre essentiellement les indemnités versées aux contingents et aux officiers. Le matériel militaire, les armes et les munitions en sont exclus.  

La Mission de l’Union africaine en Somalie 

Durant de nombreuses années, la Somalie a été le théâtre d’une guerre civile et de vagues de violence impliquant diverses factions en lutte pour le pouvoir. En 2007, conformément à une décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union africaine a mis en place la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) afin de soutenir la stabilisation du pays.

L’UE a constamment soutenu l’AMISOM depuis le début de l’opération. Il s’agit de la plus importante opération en cours. À ce jour, l’UE a engagé plus de 575 millions d’euros pour l’AMISOM, une somme qui couvre principalement les indemnités aux contingents de l’AMISOM, les coûts de la composante « police » de la mission et les salaires du personnel civil local et international, ainsi que les frais de fonctionnement des bureaux de la mission à Nairobi.

Les effectifs autorisés par le Conseil de sécurité des Nations unies en novembre 2013 sont de  22 126 hommes et femmes en uniforme. Actuellement, des contingents de quelques 21 000 personnes, venus principalement d’Ouganda, du Burundi, de Djibouti, du Kenya, de Sierra Leone et d’Éthiopie sont déployés dans le sud et le centre du pays. 

En coordination avec les forces de sécurité du gouvernement fédéral somalien, l’AMISOM s’emploie à réduire la menace que représentent les groupes d’opposition armés d’Al-Chabaab et à créer les conditions de sécurité nécessaires au déploiement de l’aide humanitaire. La mission est également chargée d’encourager le dialogue et la réconciliation, ainsi que d’assurer la protection du gouvernement fédéral de Somalie et des infrastructures essentielles. Elle soutient également la mise en œuvre des plans de sécurité nationaux somaliens. L’AMISOM joue donc un rôle important en créant l’environnement de sécurité nécessaire pour favoriser le processus de paix en Somalie.

La Mission internationale de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine 

Depuis la prise de la capitale Bangui en mars 2013 par les rebelles de la Séléka, qui a entraîné la fuite du Président Bozizé, la République centrafricaine est confrontée à une situation politique et humanitaire des plus précaires et à une grande insécurité, avec des affrontements de plus en plus violents entre les communautés musulmanes et chrétiennes.

Face à cette situation, le Conseil de sécurité des Nations unies a mandaté la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine (MISCA), à protéger la population civile, à stabiliser le pays, à rétablir l’autorité de l’État sur le territoire et à créer des conditions propices au déploiement d’une aide humanitaire. La MISCA a repris les responsabilités de l’ancienne mission MICOPAX. Entre juillet 2008 et juillet 2013, l’UE avait engagé 68,7 millions d’euros en faveur de la MICOPAX par le biais de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.

En décembre 2013, l’UE a annoncé un don de 50 millions d’euros à la MISCA par le biais de l’APF et a promis d’engager encore 25 millions d’euros en vue de la conférence des bailleurs de la MISCA, en février 2014. Ce soutien financera les indemnités ainsi que les frais de logement et de nourriture des composantes militaire et de police de la MISCA. L’enveloppe couvrira également les salaires du personnel civil et d’autres frais opérationnels comme le transport, les communications et les services médicaux.

L’Initiative de coopération régionale pour l’élimination de l’Armée de Résistance du Seigneur 

L’UE a également accepté de répondre à la demande de l’UA pour soutenir l’Initiative de coopération régionale pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur (RCI-LRA). La RCI-LRA inclut un Mécanisme de coordination conjoint (Joint Coordination Mechanism, JCM), présidé par le commissaire de l’UA en charge de la paix et de la sécurité et composé des ministres de la défense des pays concernés (Ouganda, République démocratique du Congo, Soudan du Sud et République centrafricaine), un secrétariat du JCM présidé par un Envoyé spécial de l’UA ainsi qu’une Force d’intervention régionale réunissant les contingents des pays concernés.  

L’UE soutient le JCM et son secrétariat, ainsi que le siège de la Force d’intervention régionale avec une contribution de près de 2 millions d’euros pour la période de janvier 2013 à mai 2014. Depuis 2011, l’APF finance le siège de la Force d’intervention régionale et le JCM ainsi que la préparation et l’adoption de documents stratégiques par la RCI-LRA par le biais du Mécanisme d’alerte rapide (voir ci-dessous).  

La Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine 

En réponse à la nécessité de rétablir la sécurité et l’intégrité territoriale au Mali, la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) a été autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies en décembre 2012. Dans un contexte difficile, la MISMA, dirigée conjointement par l’Union africaine et par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a apporté une précieuse contribution, préservant l’unité du Mali et rétablissant la paix sur l’ensemble du territoire.

L’UE a affecté un montant de 50 millions d’euros au titre de l’APF pour soutenir le déploiement de la MISMA par la CEDEAO. L’assistance à la MISMA au titre de l’APF a pris fin lorsque la mission a été rebaptisée, en juillet 2013, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Entre temps, l’UE reste déterminée à soutenir le processus de stabilisation au Mali et à y contribuer aux niveaux politique et humanitaire ainsi que sur le plan du développement et de la sécurité. À travers la mise en œuvre de sa Stratégie pour le Sahel, l’UE coopère également avec ses partenaires africains dans le domaine de la politique et de la sécurité afin de relever les défis complexes de la situation au Mali et dans la région.

Réalisations et étapes clés:

Depuis 2004, l’UE a engagé, par le biais de l’APF, plus de 1,2 milliard d’euros afin d’appuyer les opérations de maintien de la paix sous conduite africaine, l’opérationnalisation de l’AAPS et les premières phases des actions africaines axées sur la prévention, la gestion ou la résolution des crises.

Les fonds de l’UE sont actuellement acheminés vers :

  • Les opérations de maintien de la paix (plus d’un milliard d’euros à ce jour).

  • Le renforcement des capacités de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (plus de 97 millions d’euros à ce jour).

  • Le Mécanisme d’alerte rapide, visant à mobiliser un financement immédiat pour faciliter les premières phases d’actions axées sur la prévention, la gestion ou la résolution des crises (15 millions d’euros).

Selon les conclusions d’une évaluation indépendante de la mise en œuvre et des résultats de la Facilité de soutien à la paix en Afrique (APF) qui a été menée par un consortium externe d’experts en matière de paix et sécurité entre octobre 2012 et septembre 2013, le soutien européen fourni par le biais de l’APF a changé la donne et permis d’opposer un nombre croissant de réponses africaines crédibles aux crises politiques et aux menaces pour la paix et la sécurité sur le continent africain.

Grâce à son aide substantielle, l’APF a permis de mettre à l’épreuve et en action les initiatives collectives africaines en matière de sécurité qui font partie intrinsèque du rôle politique du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Tant pour l’UE que pour l’Afrique, l’APF est un instrument extrêmement innovant, non seulement parce qu’il a permis d’utiliser des fonds de coopération au développement de l’UE pour répondre aux menaces pour la paix et la sécurité en soutenant les opérations militaires de maintien de la paix, mais aussi parce qu’il s’est montré suffisamment flexible pour évoluer en fonction des changements de circonstances et de besoins. L’évaluation estime que, malgré quelques difficultés techniques, l’APF s’avère être un succès politique et restera, dans un avenir prévisible, le plus important instrument de l’UE à même de façonner et de soutenir des réponses africaines efficaces aux conflits violents.

Les actions appuyées par l’APF ont des effets positifs directs sur la vie des Africains affectés par les guerres, la violence et les crises politiques, et confirment la nécessité de disposer d’un tel instrument et sa pertinence en termes de paix et de sécurité.