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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, mai 2003

Appel de l’église régionale pour la paix face à la crise des Grands Lacs

Face au drame qui sévit dans la sous-région, chacun doit prendre ses responsabilités : les dirigeants politiques, les partis politiques, les chefs de guerre et les belligérants, la société civile. L’église, elle aussi, prend les siennes avec sa démarche propre.

Mots clefs : Idées et valeurs | Utilisation de la religion pour la guerre, utilisation de la religion pour la paix | Fondamentalisme religieux et paix | Acteurs sociaux. Des citoyens et leurs organisations. | Mouvements éthiques et institutions religieuses | Eglise Catholique | Région des Grands lacs

L’Eglise est, par sa nature et sa mission, messagère d’unité et de paix. Il lui revient de rassembler les hommes de provenances diverses en une seule et grande famille. Dans le contexte de la conflagration des Grands Lacs, cette mission évangélique est appelée à s’intensifier par un engagement plus énergique et plus concret pour instaurer un royaume de justice et de paix, un royaume de pardon et d’amour.

Réunis en assemblée plénière en mai 2002 à Kigali en signe de paix et d’unité dans une région où leurs pays se combattent, les évêques catholiques du Burundi, du Rwanda et de la République Démocratique du Congo ont porté leur contribution au processus de paix. Ils ont produit un document en forme de guide de paix pour les communautés chrétiennes et toute la société, dont les arguments sont les suivants.

Ce dont la sous-région a le plus besoin c’est la promotion d’une culture de la paix et l’édification d’une société d’excellence, une société marquée par la vérité, la justice, l’équité, le pardon et l’amour. L’Eglise est conviée à y apporter sa part de contribution, conformément à sa mission.

Cette contribution s’oriente pour la construction des sociétés selon un projet précis. Il s’agit pour l’Eglise d’éduquer les consciences en vue d’un agir responsable pour la cause de la paix ; de faire prendre conscience à tous ceux qui exercent des responsabilités à toutes les échelles de la société que leur mission est d’être au service des personnes et du bien commun ; de construire ensemble un Etat de droit dans chaque pays, pour que les conditions d’épanouissement de chacun et de tous soient remplies.

Pour rendre visible l’engagement vers la paix et la réconciliation avec des gestes précis, les évêques des trois pays ont décidé de consacrer, chaque année, le premier dimanche de la période de l’Avent à la prière et à la réflexion sur le pardon, la réconciliation et la paix, dans toutes les communautés chrétiennes des trois pays ; de célébrer chaque année, à la date convenure par chaque conférence épiscopale, une messe pour l’avènement de la paix dans la sous-région ; de créer au sein des communautés écclésiales vivantes et dans les paroisses un service spécifique pour la réconciliation et la résolution des conflits ; d’initier des concertations avec les frères chrétiens et les croyants des autres religions de chacun de trois pays en vue d’une action oecuménique et inter-religieuse pour la paix durable dans la sous-région d’Afrique des Grands Lacs.

Commentaire

Acteur incontournable dans le devenir de la société des pays des Grands Lacs, l’Eglise catholique a beaucoup oeuvré pour le développement et la paix. Elle a également beaucoup dénoncé les dérives, la corruption, les injustices et la violence politique et socio-économique. Mais elle s’est également compromise dans le délabrement de l’ensemble des pays, notamment ses relations avec les acteurs politiques en donnant l’impression de donner aux dérives de ceux-ci une caution morale.

Malmenée lors du génocide rwandais, à la fois victime et complice des atrocités, l’Eglise régionale entrevoit à travers ces engagements la possibilité de rassurer ceux qui la regardent en guide de la société.

Notes

  • Source : Revue Dialogue, N°228, mai-juin 2002