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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, 2005

Le phénomène démocratique au Costa Rica : quelques précisions théoriques

Maintes explications ont été avancées concernant le phénomène de la démocratie au Costa Rica. Nous retiendrons ici la thèse de Jacobo Schifter, conscients qu’il s’agit là d’une théorie parmi d’autres et que tous les auteurs ne partagent pas obligatoirement ce point de vue.

Cette thèse est celle de la neutralisation des classes engendrée par les événements de 1948. Une telle neutralisation serait le résultat d’une polarisation entre :

  • d’une part, un « populisme non réformiste » (représenté par le mouvement caldéroniste) ;

  • d’autre part, un « réformisme non populiste » (représenté par le mouvement figueriste).

Les deux mouvements auraient atteint un tel degré de neutralisation que le régime démocratique serait apparu comme « un moindre de mal » face à une situation d’impasse politique que nous développerons plus tard. Avant toute chose il est indispensable de définir avec précision ce qu’il convient d’entendre par « réformisme » et « populisme ».

I. Réformisme

Le mouvement réformiste constitue « un courant de pensée non marxiste, tourné vers le changement social, politique et économique. Son principal objectif est de parvenir à un développement économique plus indépendant. »

Ce courant réformiste prône :

  • la réduction du pouvoir oligarchique, c’est-à-dire des riches producteurs de café qui dominent traditionnellement la scène politique ;

  • la restructuration des relations commerciales extérieures ;

  • une intervention au niveau économique afin de mettre un terme au modèle d’exportation en vigueur et d’insister sur la diversification de l’économie.

Ce courant de pensée n’aspire pas à une lutte de classes comme moyen de développement économique, et encore moins à l’abolition de la propriété privée.

II. Populisme

Contrairement aux réformistes, les populistes ont pour but l’intégration de la classe ouvrière dans le système politique sous une direction élitiste. Sous cette angle, le populisme serait une sorte de mécanisme destiné à contrôler la population marginalisée et offrant un moyen d’intégrer les migrants à la vie urbaine.

L’intérêt de ce mouvement n’est pas tant de changer les structures écnomiques du pays, et donc de transformer l’industrialisation, mais de s’occuper en priorité de l’urbanisation.

Il n’existe aucune forme d’interdépendance entre le mouvement populiste et l’idéologie réformiste. Les événements de 1948 en sont la preuve puisque caldéronistes et figueristes s’y sont affrontés, appartenant tous deux à des camps opposés.