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Fiche d’acteur Dossier : Les Organisations Non-Violentes en France

Guillaume Gamblin, Paris, 2004

Non-Violence Actualité

Du mensuel non-violent au développement d’un centre de ressources sur l’éducation à la gestion non-violente des conflits en France

Mots clefs : Théorie de la non-violence | Presse écrite et paix | Education à la gestion non-violente des conflits | Citoyens européens pour la paix | Chercheurs pour la paix | Professeurs, enseignants | Non-Violence Actualité | France

L’aventure de Non-Violence Actualité ne peut se comprendre qu’en séparant deux périodes équivalant à deux orientations, deux visages distincts de cette association. Il y a pour ainsi dire deux Non-Violence Actualité, celui du XX° siècle, et celui du XXI°, mais avec un seul objectif : faire connaître la non-violence.

I. Une histoire cahoteuse mais cohérente

A. Le journal généraliste sur la non-violence

1. Un organe de promotion du MAN

Non-Violence Actualité (NVA) est à l’origine un journal mensuel lancé en 1977 au sein du tout jeune Mouvement pour une Alternative Non-Violente (MAN), pour faire connaître ses idées et ses initiatives et promouvoir une non-violence politique. Le journal, comme l’association, s’appelle d’ailleurs, à ses débuts, Non-Violence Politique. Il est à ce titre un organe du MAN, conçu et réalisé de manière non-professionnelle et militante par des membres de cette association en plein essor. Il traite principalement de l’actualité des luttes sociales et politiques non-violentes en France et dans le monde, et trouve un lectorat dans les milieux militants proches des orientations du MAN.

Très vite, deux types de problèmes se posent au journal :

  • Des questions administratives (nécessité de déclarer ses activités pour avoir droit à la commission paritaire, à l’Ursaf, pour être reconnu officiellement,…).

  • Des questions rédactionnelles (créer une structure rédactionnelle solide pour porter le projet de manière plus professionnelle).

La réponse apportée à ces difficultés est la création d’une association distincte du MAN, en 1980, qui s’occupe de mettre en place ces activités.

2. Une autonomisation et une ouverture progressives

Le journal s’ouvre alors à des personnes extérieures au MAN, mais de même sensibilité, et au fil des ans et de façon assez « naturelle » il trouve un rythme propre, défendant son projet rédactionnel avec ses implications, ses ouvertures et se logiques propres ( diversifier les articles, intéresser et ouvrir le lectorat,…). NVA devient donc de plus en plus autonome, s’adressant à un courant d’opinion plus large, de personnes engagées ou intéressées par les luttes diverses. La revue est encore très liée au MAN, avec des espaces réservés, un droit de regard, mais une transition s’effectue lentement, avec quelques tensions, vers une structure plus autonome et diversifiée, s’ouvrant sur d’autres combats, ou sur des problèmes de non-violence quotidienne comme l’éducation. En 1986, la revue change de nom pour devenir Non-Violence Actualité, reflet d’un élargissement du seul domaine des implications politiques de la non-violence, à ses implications économiques, sociales, quotidiennes, éducatives. Pour ne pas mourir d’une asphyxie financière qui la menace perpétuellement, l’association est contrainte de diversifier ses activités, en diffusant notamment des jeux coopératifs, cependant que pour améliorer la qualité de son contenu elle engage au début des années 90 un journaliste, Christian Le Meut. Mais les difficultés financières se font de plus en plus grandes, et en 2000 le journal est menacé de disparition.

B. La mutation vers un Centre de Ressources

1. Une réorientation fondamentale

2000 est une date fondamentale pour la structure NVA, qui décide alors de se réorienter en profondeur. Elle décide de mettre en avant ses points forts et ses pôles de dynamisme, c’est à dire principalement alors ce qui touche au domaine de l’éducation.. La revue cesse d’être une revue mensuelle d’information générale et internationale sur l’actualité des luttes et des initiatives non-violentes, ainsi que de réflexion sur la non-violence politique, pour devenir une revue bi-mensuelle proposant des témoignages et des analyses sur les expériences et les outils d’éducation à la non-violence, sur la gestion et la résolution des conflits dans la société, les quartiers, les écoles, en France.

Mais bien plus encore, NVA cesse d’être d’abord une revue pour devenir un « Centre de Ressources pour la prévention des violences et l’éducation à la gestion des conflits ». Avec deux dimensions :

  • faire connaître et diffuser les ressources existantes (jeux coopératifs, outils pédagogiques) ;

  • produire des ressources (affiches éducatives, revue).

La revue est donc devenue une ressource parmi d’autres de NVA. Une activité de documentation est en train de se développer également depuis un an et demi, avec un emploi-jeune, activité qui sera au cœur des projets à venir. Cette réorientation fondamentale en 2000 se fait au prix d’une crise au sein du comité de rédaction, ainsi que dans les relations avec le MAN. Un certain nombre de personnes refusent d’abandonner la ligne initiale de revue généraliste, internationale et politique ; ressentant ce changement de cap comme une limitation, et quittent l’équipe de rédaction. Mais aujourd’hui des relations recommencent à se tisser, avec la forte volonté de dépasser cette étape.

2. Un essai « transformé »

On peut dire que la pari qui a été fait par l’équipe de rédaction ayant poursuivi le projet, de sauver le journal de la faillite en s’orientant vers l’approche socio-éducative, a été réussi de ce point de vue, puisque NVA répond à de réels besoins sociaux et se développe avec un budget équilibré, en tant que Centre de Ressources.

Du lancement du projet en 1977 à aujourd’hui, 26 ans plus tard, on retrouve quelques personnes qui n’ont cessé de le porter à bout de bras, jusque dans ses nouvelles orientations : en particulier Vincent Roussel, et Guy Boubault, son actuel rédacteur en chef. Ce dernier peut estimer que la nouvelle orientation de NVA s’inscrit dans « une continuité avec ses orientations de départ », et que sa forme actuelle permet d’aller en un sens plus loin qu’auparavant dans l’approche concrète des problèmes de violence, en axant son activité sur « une volonté d’insertion de la non-violence dans la société ».

II. NVA aujourd’hui : un arbre à trois branches…

Le Centre de Ressources s’articule aujourd’hui autour de deux axes fondamentaux plus un nouveau domaine d’activité en essor.

  • Faire connaître et diffuser les ressources existantes, en matière de prévention des violences et d’éducation à la gestion des conflits. NVA effectue dans un premier temps un travail de recensement et de classement des diverses ressources existantes, qui peuvent apparaître chaque année :

    • livres pour enfants et adolescents ;

    • jeux éducatifs et coopératifs divers ;

    • outils pédagogiques à l’usage des enseignants et éducateurs (ouvrages de réflexion, guides pratiques, mallettes pédagogiques, expositions,…) ;

    • mais aussi lieux-ressources, centres de formation, coordonnées d’organisations et d’associations, de personnes-ressources, et cela en tenant compte des ressources matérielles produites dans toute l’Europe, et de plus en plus à l’usage des francophones belges, suisses, ou québecois.

L’activité de diffusion se fait dans des conditions classiques de diffusion, les produits sont d’abord achetés et stockés avant d’être revendus. La diffusion des jeux peut être considérée comme l’activité la plus dynamique économiquement pour NVA.

Son rôle et son utilité sociale est de faciliter l’accès de ceux qui en ont besoin (particuliers ou professionnels) à l’ensemble de ces ressources, de manière la plus exhaustive possible, mais en gardant toujours une exigence de qualité. Et donc d’orienter les demandes sociales sur le thème des violences et des conflits vers des réponses qui leur sont appropriées, dans un domaine où on ne peut pas faire n’importe quoi. C’est pourquoi NVA insiste beaucoup sur l’exigence de sérieux et de professionnalisme impliquée par sa mission.

C’est dans cette perspective qu’il publie maintenant chaque année un « Guide de ressources sur la gestion non-violente des conflits », qui fait l’objet d’un numéro spécial de la revue.

  • La production de ressources. L’association est amenée par son activité à être en lien direct avec les demandes sociales en matière de gestion des conflits et d’éducation à la non-violence. Elle est donc à même de déceler les demandes qui ne trouvent pas d’outils appropriés, et c’est dans ce cadre qu’elle est amenée à produire elle-même des ressources qui semblent manquer dans le panel existant. C’est ainsi que NVA achève la finition de huit affiches pédagogiques à l’usage des enseignants sur le thème des conflits et des violences. Mais c’est également la revue Non-Violence Actualité qui constitue la ressource principale produite par NVA. Elle reste un pôle d’activité important, au point de vue du temps de travail, et un point de repère donnant une visibilité essentielle à l’ensemble de la structure. Chaque numéro traite d’un thème en lien avec la ligne de fonds :

    • la communication garçons-filles ;

    • la dimension interculturelle ;

    • la maltraitance ;

    • l’impact des écrans ;

    • le rapport à la loi ;

    • la médiation scolaire, etc…

On peut estimer que la revue est unique en son genre dans le monde francophone. La majorité des abonnés, mis à part les CDI et bibliothèques, sont plus aujourd’hui des acteurs de terrain, des « utilisateurs"de ressources, avec leurs exigences pratiques précises, que de simples lecteurs. NVA produit également des documents de synthèse et de capitalisation d’expériences pouvant constituer des ressources assez complètes sur des thèmes comme « Pratiques de médiation », ouvrage produit en partenariat avec la FPH, ou « Pratiques d’éducation », en cours d’élaboration avec ce même partenariat éditorial.

  • La documentation. Cette branche récente de l’activité prend surtout sens dans la perspective de créer dans l’avenir une base de données plus approfondie que celle du guide de ressources, sur informatique, qui serait consultable à terme dans des points d’information avec l’aide de personnes habilitées à orienter les demandes vers des réponses adéquates. Ce projet assez ambitieux est l’un des axes à moyen terme de développement de l’activité de NVA.

L’activité de NVA comporte deux lignes majeures qui sont d’une part un travail de fonds sur les besoins socio-éducatifs, sur les ressources existantes et sur l’élaboration de ressources nouvelles, et d’autre part un travail de diffusion, assez « commercial ». Il lui faut jongler sur ces deux aspects pour garder la cohérence militante de son projet tout en étant viable économiquement. Faire d’une action utile socialement une activité viable. C’est entre autres dans cette perspective que NVA se tourne vers la recherche de subventions pour des projets spécifiques comme des publications et travaille en partenariat avec des fondations depuis le début des années 90 :

  •  

    • la Fondation de France ;

    • la Fondation pour le Progrès de l’Homme ;

    • et Un Monde Par Tous.

Ce qui est clair c’est qu’aujourd’hui la revue est sortie du milieu des seuls militants non-violents et touche un public plus vaste. Elle s’adresse moins aux sympathisants d’une non-violence politique, et plus aux acteurs sociaux et éducatifs – qui sont nombreux.

Ces trois grands domaines d’activité exposés ici constituent les trois branches de l’arbre Non-Violence Actualité, qui a subi de multiples transformations, mais qui reste très vigoureux aujourd’hui, avec entre autres une revue tirée à trois mille exemplaires (1 900 abonnements, 1 600 en l’an 2000). Si les fruits ont changé, la sève reste la même : celle d’une conviction et d’analyses spécifiquement non-violentes.

III. …et demain : un arbre dans une forêt ?

Ses principaux partenaires restent aujourd’hui comme hier les mouvements non-violents (Ifman, EpB, etc…), ainsi que les lieux de ressources pour l’éducation à la gestion des conflits en France et dans d’autres zones francophones. NVA a actuellement une volonté d’approfondissement des relations avec les autres ONV et d’ouverture à des partenariats bilatéraux constructifs sur des projets précis, dans une approche de la non-violence pragmatique et ciblée : faire se rejoindre les volontés et les compétences de chacun dans des projets communs.

Sources :

  • Entretien avec Guy Boubault du 28 Mai 2003.

  • Numéros de la revue Non-Violence Actualité.

  • Guide des ressources 2003.

NVA

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