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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, 2005

Argentine, Costa Rica et Cuba : identification commune d’un défi politique de rupture avec le passé

Argentine : rompre avec le passé militaire. Costa Rica : rompre avec le passé populiste calderoniste et l’oligarchie. Cuba : rompre avec le passé dictatorial de Batista

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Qu’il s’agisse de l’Argentine, du Costa Rica ou de Cuba, les trois régimes qui se mettent en place aux périodes considérées, présentent une volonté de rupture avec le passé :

Pour l’Argentine et donc le gouvernement d’Alfonsín, le but est de rompre avec un passé militaire lourd de conséquences ; il s’agit de redonner confiance aux Argentins dans les institutions et leur démontrer que la gestion des conflits peut se faire démocratiquement.

Le Costa Rica quant à lui, entend rompre avec un populisme grandissant, tout en voulant éviter que règne de nouveau en maître absolu une oligarchie historiquement très puissante : les événements de 1948 se soldent par la victoire du réformiste Figueres. Or ce dernier, lors du gouvernement de fait, met en œuvre à la fois une politique de répression à l’encontre de ceux qui avaient soutenu Calderón Guardia pendant le conflit, et une politique hostile à l’égard de ses compagnons d’armes : l’oligarchie costaricienne. Il y a donc ici un double rejet du système antérieur. Lorsque finalement la junte militaire mise en place par Figueres dut composer avec le parti d’Otilio Ulate et donc l’oligarchie, cette dernière accéda au pouvoir, non sans l’obligation de respecter un certain nombre de conditions posées par Figueres. A partir de là, le paysage du Costa Rica fut dominé par deux grandes tendances politiques :

  • celle du PLN (les figueristes) qui représentait les classes moyennes ;

  • tandis que l’opposition continuait d’être incarnée par l’oligarchie (les ulatistes).

Et le régime démocratique instauré à partir de 1948 s’est consolidé du fait de l’impossibilité pour chaque groupe politique d’acquérir un pouvoir décisif. L’affrontement de ces diverses tendances ne permit donc pas une rupture totale avec le passé, mais conduisit à un certain équilibre, à l’origine de la démocratie costaricienne.

S’agissant maintenant de Cuba, notons que les révolutionnaires qui firent leur entrée triomphale dans la ville de La Havane et mirent fin à la dictature, furent accueillis à bras ouverts : désormais le chemin était ouvert à la démocratie. Seulement l’Histoire montrera que cette option ne figurait pas au programme de Castro, même si son discours pouvait laisser croire le contraire. Fidel mit tout en oeuvre pour que la révolution puisse s’épanouir pleinement et sans le moindre obstacle, un travail méthodique de mise à l’index de tout opposant, de toute menace, un travail de propagande et de lavage de cerveau, une stratégie d’oppression voire de répression. Le Comandante voulut rompre avec le passé de manière à donner à Cuba le visage qui lui tenait tant à cœur :

  • une île économiquement indépendante (surtout vis-à-vis des Etats-Unis) ;

  • politiquement communiste ;

  • socialement imprégnée de l’idéologie communiste et convaincue des bienfaits de la révolution.