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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Paris, février 2008

La « Grande Réconciliation » des Albanais du Kosovo

Les Albanais du Kosovo savent ce que signifie la réconciliation. En effet : entre février 1990 et mai 1992, ils ont effectué une « Grande Réconciliation » à l’intérieur même de leur communauté qui était divisée par la vendetta.

Mots clefs : Education à la non-violence | Résolution non violente des conflits | Formation de médiateurs | Résistance civile et pacifique à la guerre | Résistance non violente | Groupe de résistance non-violente | Instance locale de médiation | Les Balkans | Kosovo

A cette époque, la majorité des Albanais du Kosovo, mais aussi D’Albanie et de Macédoine, était encore régie par un code datant du XVème siècle : Le Kanun de Lekë e Dukagjini (2), ce code traitait aussi bien du droit des personnes, des biens, des obligations, que des procédures civiles et pénales. Le Kanun régissait le code d’honneur et la vendetta qui en découlait.

De ce fait, « environ 20 000 personnes étaient contraintes de rester à domicile » (3) l’homme ou les hommes désignés par la vendetta étaient prisonniers dans leurs maisons ou dans les « kullas » (tours fortifiées albanaises), et ne pouvaient en sortir sans risquer de se faire tuer par les responsables des familles adverses. Cette pratique archaïque appauvrissait les familles, puisque ces personnes ne pouvaient pas participer à la vie économique, travailler dans les champs ou les entreprises. Mais cette pratique divisait et affaiblissait aussi toute la société albanaise, elle réduisait sa cohésion face à l’apartheid du pouvoir de Milosevic et celui-ci l’exploitait.

C’est ce qu’avaient parfaitement compris les responsables des forces vives de la société albanaise du Kosovo, intellectuels, étudiants, travailleurs, en particulier ceux des mines de Trepça, ceux-là mêmes qui avaient réuni une grande partie de la population dans la mémorable marche de novembre 1988. Alors qu’ils entreprenaient une autre action forte, la grève de la faim au fond des mines, le 24 février 1989, ils demandèrent solennellement « le début de la réconciliation du sang », c’est-à-dire un arrêt de la vendetta, conformément à la tradition dans les situations de crise graves.

Des étudiants progressistes s’étaient retrouvés en prison parce qu’ils s’opposaient au pouvoir totalitaire. Là, ils ont rencontré des Albanais impliqués dans la vendetta. Ils ont réussi des conciliations et se sont juré qu’à la sortie, ils feraient tout ce qui serait en leur pouvoir pour remédier à cette « tare albanaise » et à cette ancienne loi. Ils ont alors fait appel à l’expérience d’Anton Çetta pour les aider dans cette tâche. Cet ethnologue kosovar, spécialiste du folklore, des contes et chansons populaires, était reconnu pour sa sagesse et sa grande connaissance des villages.

Comment a été réalisée la « Grande Réconciliation» »?

Près de 500 jeunes et intellectuels convaincus de l’importance de cette campagne se sont organisés en petites équipes pour participer aux côtés d’Anton Çetta à l’éradication de la vendetta. Ils furent souvent relayés, à l’intérieur même des familles, par les jeunes ayant fait des études, quelquefois supérieures ; ceux-ci dissuadaient les anciens de poursuivre ces traditions médiévales et barbares. « Les jeunes jouaient le rôle de la torche qui embrase les éléments, courant de village en village, ne comptant ni leur temps ni leurs efforts [pour préparer les rencontres] […] Les intellectuels étaient portés par l’activité des jeunes et les jeunes étaient portés par la sagesse et la logique des intellectuels, de telle sorte que la coopération entre les deux a conduit à des résultats exceptionnels. (4) »

Les jeunes, une dizaine, faisaient les premières démarches ; il y avait généralement trois ou quatre étudiantes dans chaque équipe, celles-ci argumentaient en particulier auprès des femmes du clan. Pour Anton Çetta, elles eurent souvent discrètement un rôle qui s’avéra déterminant sur les décisions des autres parents. Puis les intellectuels venaient pour convaincre, non seulement les chefs de famille, mais aussi tous les mâles de la tribu et enfin préparer l’accord public.

Pratiquement, quelle procédure Anton Çetta et ses équipes ont-ils retenue pour permettre à toutes les familles de se « réconcilier du sang », c’est-à-dire de cesser la vendetta et de se pardonner, tout en ne dérogeant pas au code d’honneur du Kanun ni à la « besa », la parole donnée ? La « besa » est très importante dans la culture albanaise.

Ils procédaient en deux phases. La première consistait à discuter séparément avec les deux familles. En général la réunion se faisait dans la « oda » (5). Les membres du groupe d’Anton Çetta y rencontraient les responsables de la famille, le maître de maison, ses fils, deux ou trois hommes de la famille. Il leur était expliqué les raisons du mouvement de réconciliation, pour progressivement leur faire comprendre qu’à l’orée du XXIe siècle, le Kanun du XVe n’était plus adapté, que cette grande tradition dure et inhumaine, qui allait à l’encontre des intérêts humains et économiques du Kosovo, n’était plus souhaitée par la jeunesse et le peuple albanais.

L’équipe Anton Çetta expliquait ensuite que la famille devait « se montrer grande, brave, et faire la réconciliation. Voilà, la jeunesse le veut, c’est juste. Le peuple, les intellectuels le veulent. De cette manière, vous vous libérez - nous disions - d’une pierre dans votre cœur. Et laissez vos descendants libres, sans conflit. Pensez à eux, pensez à vos fils, à vos neveux, plus tard : qu’ils soient libres ! On discutait. On parlait même un peu de politique, de la pression qu’exercent sur nous la police et leurs organes. Nous sommes un peuple qui veut rentrer en Europe démocratique, mais l’Europe ne nous acceptera pas avec des traditions aussi sévères. Nous présentions la situation globalement et en détail : jadis c’était de la bravoure que de faire la vendetta, maintenant, c’est un acte anachronique. Dans les odas, on parlera de vous, on dira que vous avez fait un geste d’homme brave, de citoyen courageux. Ils résistaient, ne voulaient pas tout de suite. Parfois ils n’acceptaient pas, alors on revenait une seconde fois, une troisième. Et quand ils acceptaient, c’était le plus vieux en âge qui se levait et disait : ‘je pardonne mon sang, au nom du peuple, de la jeunesse et du drapeau’ (6) » « Je pardonne mon sang… », signifie : « je ne tiendrai plus rigueur à la famille qui a commis le meurtre, qui a fait couler le sang de ma famille, je lui fais grâce…. »

Cette décision de pardonner, liée aux souhaits du peuple, de la jeunesse, et du Kosovo ou liée aux intérêts supérieurs des Albanais, a-t-elle conduit les membres des familles à pardonner « du fond du cœur »? Nous ne le savons pas, mais, dans le concept de « réconciliation », voulu par Anton Çetta, il y a bien celui de rétablir (en latin : reconciliare) les liens d’affection et d’amitié entre les personnes opposées par la vendetta. Il semble que ce soit ce qui s’est généralement passé.

Quand les deux familles avaient donné leur accord, la deuxième phase pouvait advenir. C’était la réconciliation officielle qui se déroulait devant témoins. « De part et d’autre venait un représentant de chaque famille, ils se donnaient la main, et l’un d’eux, victime d’un meurtre ou d’une blessure, déclarait à voix haute devant le micro : ‘Je pardonne le sang de mon père, de mon frère, de mon oncle, etc., au peuple, à la jeunesse et au drapeau’. On accompagnait tout cela avec un programme culturel : chansons, récitations… (7) » Ainsi, officiellement, devant témoins, l’honneur des familles était sauf et la vendetta terminée. Il ne s’agissait pas, comme par le passé, d’une trêve temporaire, mais d’un arrêt définitif de la vendetta pour les Albanais du Kosovo.

Bien que les manifestations publiques soient interdites, les premières réunions où les familles se réconcilièrent devant témoins furent tolérées par le pouvoir. Après, celui-ci fut momentanément dépassé, Ibrahim Rugova dira : « La police n’est pas intervenue parce qu’il y avait trop de monde. Vous savez, il arrive que les Serbes aient peur, ici, car nous sommes à neuf contre un (8). » Début 1990, l’utilisation des médias, encore libres, favorisa la réussite rapide de la démarche de réconciliation. Ainsi, le 1er mai ces médias ont rendu possible un fabuleux rendez-vous dans ce qui deviendra la « vallée de la réconciliation » à Verrat e Llukës, près de Deçani, où 500 000 personnes se sont réunies venant non seulement du Kosovo mais aussi de Macédoine, du Monténégro et de la Serbie du sud.

A partir de cet événement une sévère censure fut appliquée aux médias et en 1992, l’accès aux journaux, radios et télévisions fut interdit, les médias furent démantelés par le pouvoir serbe. Ensuite, la pression s’est accentuée et lors d’une autre manifestation, à Pejë en août suivant, la répression fut brutale. Les réconciliations se sont poursuivies, cependant, mais plus discrètement, souvent dans les « odas » ou dans les cours et jardins entourés de hauts murs, lieux traditionnels dans les villages albanais, espaces où néanmoins 200 ou 300 personnes pouvaient se rassembler.

Au dire des participants, et d’Anton Çetta, la réconciliation de Verrat e Llukës fut exaltante, enthousiasmante, euphorisante, les hommes les plus rudes pleuraient de joie. En effet ils se sentaient tout à coup libérés de ce terrible fardeau qui pesait sur leurs familles, une ère nouvelle s’ouvrait pour eux, ils étaient enfin libres de leurs mouvements, de leurs activités, et tout ceci était fait en accord avec la population, pour elle, pour la jeunesse, pour le Kosovo ; la « Grande Réconciliation » contribua à restaurer le moral et le dynamisme de la population albanaise.

Le mouvement populaire de « réconciliation du sang », commencé le 2 février 1990, s’est achevé le 17 mai 1992. Il n’a pas pris en considération les cas de meurtres postérieurs à 1990, parce que - nous a dit Anton Çetta – « quelqu’un pouvait encore faire feu et se dire que nous viendrions pour la réconciliation. Nous aurions eu plus de meurtres qu’avant ! (9) »

A l’issue de ce mouvement, une petite centaine de cas de vendetta n’avait pas été résolue au Kosovo : « Les protagonistes n’ont pas voulu ; nous ne pouvions pas les forcer ». Mais Anton Çetta ne pensait pas que dans ces cas la vendetta se prolongerait. Pour lui, les responsables de ces cas, étaient « des sadiques ». « Il y a 30 ans qu’ils n’ont pas fait la vendetta, qu’est-ce qu’ils attendent ? Ils veulent que cette famille souffre, qu’elle soit enfermée. Ce ne sont pas des hommes bons (10). »

En 1994, selon Ibrahim Rugova : « La réconciliation est quasiment totale. Elle fonctionne grâce à notre mouvement et aux conseils de réconciliation, qui servent également à résoudre les cas de querelle simples entre les gens, pas seulement ceux de vendetta (11). »

De fait, même dans la période troublée qui a suivi la guerre de 1999, seuls quelques cas isolés de vendetta sont réapparus.

En 1990, la population totale du Kosovo était de deux millions d’habitants, dont environ 1 800 000 Albanais. Sur cette population, Anton Çetta précise : « globalement voici les résultats que nous avons obtenus : on a fait la réconciliation de mille cas de meurtres, de cinq cents cas de blessures et d’à peu près sept cents cas de conflits divers. Nous avons donné assez d’importance aux conflits divers car plus tard, ils pouvaient finir en meurtres. Surtout lorsqu’il était question de femmes, de propriété, d’eau. (12) »

La sécheresse des chiffres, déjà impressionnante, est loin de rendre compte de la portée sociologique de ce mouvement. Dans son livre (13), le Dr Muhamet Pirraku, adjoint d’Anton Çetta dans la commission de réconciliation, a fait un décompte précis de toutes les réconciliations effectuées entre le 2 février 1990 et le 17 mai 1992 (1230 cas de meurtres, 542 cas de blessures, 1180 cas de litiges), il totalise ainsi 2952 réconciliations pour lesquelles un livre (14) publié sous la direction d’Anton Çetta, précise les noms et le nombre de membres de chaque famille graciée qui « devaient le sang » ; sachant que les familles albanaises comportaient 6 à 10 membres et que l’ensemble de ceux-ci supportaient les conséquences de la vendetta, cela conduit, dans les différents cas évoqués plus haut à près de 20 000 personnes concernées (le chiffre cité par Shkëlzen Maliqi). Par ailleurs, Pirraku arrive à un total de 1 715 380 participants ! Certains venaient des régions voisines et d’autres ont dû assister à plusieurs réconciliations. On ne peut pas exclure une certaine exagération dans le calcul du nombre de participants à chaque rassemblement, ce sont les chiffres donnés par les organisateurs et non ceux de la police serbe ! Il n’en demeure pas moins qu’une forte proportion, au minimum un Albanais du Kosovo sur deux, a probablement participé à ces réconciliations, ce qui, me semble-t-il, a occasionné une profonde transformation des mentalités dans leur société.

Naissance d’une non-violence gandhienne.

A l’occasion de la Grande Réconciliation, chacun des participants a pu développer des aptitudes précieuses pour mener la lutte non-violente ; en particulier :

  • maîtriser ses peurs,

  • respecter les autres,

  • oser dire la vérité,

  • assumer personnellement ses responsabilités dans les actions passées et présentes,

  • reconnaître et identifier ses émotions dans la vie quotidienne, personnelle, familiale et clanique,

  • rechercher des attitudes positives et constructives.

A l’occasion de la Grande Réconciliation, chacun des participants a pu constater que :

  • Les drames internes aux familles ont conduit à d’importants débats au sein de ces dernières, mais aussi dans les clans et entre les uns et les autres. A partir de ces débats s’est dégagé le sentiment que la position de chacun avait une influence sur la cohésion et la survie de l’ensemble de la société albanaise. Cela leur a permis de découvrir des bases de la démocratie.

  • Les conflits interpersonnels ou intergroupes, bien que lourdement chargés du poids du sang et de la tradition, pouvaient être réglés pacifiquement et même conduire à des contrats entre les adversaires qui satisfaisaient les intérêts et les droits de chacun, à condition d’être abordés avec un esprit respectueux des êtres humains. Il était non seulement plus efficace, mais aussi plus constructif de substituer aux moyens violents des moyens respectant les personnes.

  • Un groupe de personnes résolues pouvait parvenir à transformer radicalement les mentalités et faire fléchir des familles, ou des groupes en profonde opposition.

  • La désobéissance à une loi injuste ou inadaptée - fût-elle vénérable comme le Kanun - était non seulement juste et légitime, mais pouvait même être nécessaire pour construire une meilleure société.

Anton Çetta disait que la Grande Réconciliation « était un rapprochement de tout notre peuple, et puis une {solidarité, une consolidation, une union nationale. Le principal étant qu’il n’y avait plus de distinction selon la condition économique, ni de la religion, ni de la fonction. Et cela fut un grand résultat qui a entraîné ensuite des répercussions positives (15). »} Ibrahim Rugova soulignait : « La pratique de la non-violence dans cette situation correspond à un aspect de notre caractère, à une tradition de patience et de prudence face à toute domination. Déjà le Kanun de Lekë Dukagjini, prince albanais du XVe siècle, faisait appel à ces vertus. Par le biais de cette résistance active fondée sur la non-violence et la {solidarité, nous nous sommes ‘trouvés’. Aujourd’hui, nous avons réussi à toucher ce point de l’esprit du peuple albanais (16). »} Il éclairait ainsi le message des mineurs albanais en 1988 : « Nous n’utilisons pas les tromperies et les mensonges, nous ne haïssons pas les autres peuples. »

Le peuple prenait conscience de l’effet libérateur de la vérité publiquement révélée, alors qu’elle était enfouie dans les consciences et enfermée dans les odas, parfois depuis des générations. Il prenait aussi conscience de l’effet apaisant de ce mouvement profondément respectueux des personnes humaines, en opposition radicale à l’attitude du pouvoir et de la police de Belgrade qui l’écrasaient. A ce sujet, le mentor de la réconciliation a exprimé son étonnement devant une de ses conséquences imprévues : rendre la population « capable de tout pardonner, y compris les exactions que fait la police (17). » Une autre conséquence, plus prévisible, fut le développement des solidarités entre les Albanais, prémices des structures parallèles sociales, sanitaires et scolaires.

Grâce à cette action, les Albanais du Kosovo ont trouvé en eux le dynamisme et la capacité de s’opposer au pouvoir serbe, ils ont agi « comme si » ils ne subissaient pas l’apartheid, « comme si » ils étaient autonomes et ils ont construit une organisation parallèle pour mener les affaires publiques. A ce sujet Howard Clark écrit « Après la campagne d’éradication de la vendetta […], le {comme si aurait fait bénéficier les affaires publiques d’une injection d’utopisme [les Kosovars albanais] n’agissant pas seulement comme si la Serbie ne gouvernait pas le Kosovo mais dépassant les limites intellectuelles liées aux réalités du moment, et essayant de vivre l’avenir maintenant (18). »}

C’est exactement ce que Gandhi suggérait de faire avec ce qu’il appelait un programme constructif (19), élément stratégique essentiel de la non-violence. Gandhi entendait par-là : un effort d’auto-organisation destiné à transformer sa propre société de l’intérieur, sans attendre que l’autorité en place le fasse. La réalisation de tels programmes permet de montrer à la population qu’elle est capable de réussir son action sans le Pouvoir et à celui-ci, que la société peut se construire sans lui.

Par un effet second en Inde, ce programme avait permis à Gandhi de réduire la tare sociale qu’est l’intouchabilité ; au Kosovo, il permit à Anton Çetta et aux Albanais de réduire la tare sociale de la vendetta.

Enfin, et cela me semble très important, la Grande réconciliation a permis d’adjoindre à la résistance non-violente, les dimensions gandhiennes spirituelles qui sont : le respect de la dignité de toute personne humaine, la recherche de la vérité construite avec l’autre, le contrôle de sa propre vie, etc.

La lutte non-violente de ceux qui adhéraient personnellement à cette dimension spirituelle a été fortifiée ; par conséquent, l’ensemble de la résistance active au pouvoir de Belgrade et à l’apartheid a été fortifiée.

Epilogue

La résistance civile non-violente des Albanais du Kosovo, face à l’apartheid du pouvoir de Milosevic, qui s’était édifiée pour une bonne part avec la Grande Réconciliation, a bien fonctionné jusqu’en 1997, soit durant huit années. Mais ensuite, les Albanais abandonnés par les nations occidentales, se sont lassés ; de plus ils ont été dépités par le fait que la promesse (la besa) faite par ces Etats de traiter la question du Kosovo en même temps que celle de la Bosnie, n’avait pas été tenue à Dayton. Ils ont petit à petit délaissé la résistance civile non-violente pour soutenir l’armée de libération du Kosovo (UCK), laquelle est apparue au grand jour en novembre 2007. Deux mois plus tôt : Albin Kurti avait encore organisé de grandes et remarquables manifestations non-violentes pour exiger que les étudiants puissent revenir dans les locaux de leur université, dont ils avaient été chassés en 1990 par le pouvoir de Milosevic, là encore les Etats occidentaux n’ont pas réagi.

Commentaire

La mise en place et l’aboutissement d’un processus de réconciliation au sein de la communauté albanaise du Kosovo a donc ainsi mené au démantèlement d’une pratique ancestrale qui prônait la violence et l’isolation.

Notes

  • (1) : Cette fiche comporte de larges extraits du livre de Pierre Dufour « Kosovo, on a marché sur la paix », éditions Thélés, 2007.

  • (2) : Le Kanun e Lekë et Dukagjini, Dukagjini Printing House, Pejë, Kosovë, 2001 (édité en français)

  • (3) : MALIQI Shkëlzen, Kosova, separate worlds, reflexions analyses, Dukagjini Publishing House, Pejë, Kosovë, 1999, p. 104.

  • (4) : ÇETTA Anton, (interview de M ), Rapport de mission 1993, éditions MAN, 114 rue de Vaugirard, 75006 Paris, p. 50.

  • (5) : Oda, chambre de réunion traditionnelle des hommes et de leurs débats, souvent aménagée avec des matelas ou des divans le long des murs, sert aussi de salle de réception des étrangers.

  • (6) : ÇETTA Anton, op. cit. p. 46.

  • (7) : ÇETTA Anton, op. cit. p. 44.

  • (8) : RUGOVA Ibrahim, La question du Kosovo. Entretien avec Marie-Françoise Alain et Xavier Galmiche, Fayard,1994, p. 132.

  • (9) : CETTA Anton, op. cit. p. 50.

  • (10) : Ibid.

  • (11) : RUGOVA Ibrahim, La question du Kosovo. Entretien avec Marie-Françoise Alain et Xavier Galmiche, Fayard,1994, p. 133.

  • (12) : CETTA Anton, op. cit. p. 42.

  • (13) : PIRRAKU Muhamet, « Levizja gjithepopullore shqiptare per faljen e gjaqeve 1990-1992. Kronike. » Prishtine, Instituti Albanologjik i Prishtines, 1998, p. 465.

  • (14) : PAJTIMI I GJAQEVE 1990-1991,Instituti Albanlogjik I Prishtinë, Prishtinë, 1999.

  • (15) : ÇETTA Anton, op. cit. p. 44.

  • (16) : RUGOVA Ibrahim, La question du Kosovo. Entretien avec Marie-Françoise Alain et Xavier Galmiche, Fayard, 1994, p. 130.

  • (17) : ÇETTA Anton, op. cit. p. 44.

  • (18) : CLARK Howard, Civil Resistance in Kosovo, Pluto Press, Londres, 2000, p. 138.

  • (19) : Cf. Annexe I, p. 270, Programme constructif.