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Ficha de experiencia

Bangui, Centrafrique, agosto 2014

Vers la citoyenneté sur le sentier de la paix

Une initiative pour favoriser l’engagement responsable de la jeunesse dans la construction d’un monde pour tous

Keywords: Elaborar métodos y recursos para la paz | Espacios de intercambio y transferencia de experiencias para la paz | La esperanza, factor de paz | Elaboración de instrumentos pedagógicos de educación a la paz | Sensibilización a la paz | Educación a la ciudadanía | Diálogo social para construir la paz | UMUSEKE | Ruanda | Centroáfrica

Ces 5 dernières années, Fabienne et Jean, coordinateurs des activités d’ATD Quart monde ont beaucoup voyagé en Afrique. Ils ont essayé de faire connaître les personnes qu’ils ont eu la chance de rencontrer, et de communiquer l’enthousiasme que leur apportent beaucoup des engagements et initiatives prises pour un monde « riche de tout son monde ».

Durant tout ce temps, leur port d’attache était Bangui, en Centrafrique. L’objectif de cette fiche, est de décrire comment les membres du mouvement y ont entrepris d’avancer « vers la citoyenneté par le chemin de la paix ».

Il y a 4 ans, Fabienne et Jean avaient rendu visite à l’association Umuseke, au Rwanda. Ils s’étaient dit que leur expérience serait aussi très bénéfique en RCA.

La programmation 2014-2017 du mouvement en Centrafrique était venue insister sur une « libération de l’esprit de destruction » et « la prise de responsabilité des jeunes dans les décisions qui les concernent ». Un financement trouvé auprès de Caritas a permis de concrétiser ce projet, et malgré les nouvelles inquiétantes qui leur arrivaient depuis le pays, Jacqueline Uwimana et Marthe, leurs amies rwandaises, ne se sont pas découragées : en juin, elles étaient à Bangui.

Les préparatifs se sont déroulés dans ces périodes incertaines que traversent les familles de Centrafrique. Mais, « c’est maintenant que notre pays a besoin de ce message », disait un jeune.

Dans la dernière quinzaine précédant la rencontre, une journée de prise de contact et d’information a permis à ceux qui ne se connaissaient pas, venus de différentes associations, de raconter leurs engagements respectifs. Par ailleurs, des journées de chantier ont apporté l’air de famille souhaité pour cette rencontre.

Deux sessions de trois jours ont rassemblé chacune une trentaine de participants. La méthode utilisée était celle mise au point et pratiquée depuis de nombreuses années par l’association Umuseke. Comme le disait un des participants dans son évaluation, « c’était très pratique. Ça partait de nous, de notre expérience, de nos paroles. Grâce aux images, on pouvait bien s’exprimer, et plus encore avec le théâtre et les jeux. »

Les images en question reprennent deux grandes étapes : les sources des conflits et leurs possibles solutions. Dans « les sources du conflit » on aborde les illusions, les généralisations, préjugés et rumeurs, les différences, discrimination et complémentarité, ou encore le phénomène de bouc émissaire.

Dieudonné disait son plaisir de pouvoir trouver ici une occasion de penser et de comprendre sans revenir toujours aux vieux préjugés qui détruisent : « Trop souvent, on juge quelqu’un par l’appartenance au groupe. La personne touchée est étiquetée et perd sa dignité comme personne unique. Ça conduit à la révolte, la revanche. Cela amène au conflit ».

Quant à M. Parfait, il évoquait les regards négatifs dont sont victimes les personnes plus pauvres, que les autres négligent à cause de leur aspect extérieur (notamment l’habillement).

A la fin de la première partie, une question prépare la deuxième partie. « Qu’est-ce qu’une opinion ? Qu’est-ce qu’un fait ? ».

Une participante faisait le lien avec ce qui arrive dans le pays. « On était ensemble entre musulmans et chrétiens, et on est devenu ennemis, car on a entendu a la radio des opinions de gens qui nous disaient qu’on était en guerre entre religions. Mais c’est à cause de l’opinion de gens qui voulaient le pouvoir, et qui nous ont mis dans des faits terribles. On doit réfléchir sur les opinions qui sont données, détacher les faits de l’opinion, et revenir là dessus ».

La deuxième partie des images porte sur la recherche de possibles solutions. Les thèmes sont « Droits et devoirs », « la relation à la loi », « Choix et engagement » et enfin « être citoyen ». Tous réfléchissaient, par exemple, sur l’importance de leur mission d’animateurs, devant l’immensité de la difficulté que constitue un pays, un village, un quartier, où la vie scolaire s’est arrêtée depuis près de deux ans déjà.

Lorsque les animatrices demandèrent : « Vous voyez des exemples d’hommes exemplaires par leur citoyenneté ? », on entendit bien sûr les noms de Barthélémy Boganda, et celui de Nelson Mandela.

Et puis on entendit aussi Firmin. Il est animateur de la « bibliothèque de marché » à Kokoro, et maintenant sur un site de déplacés. Il rappelait que finalement, nous sommes les premiers concernés : « Ça nous amène à remarquer les actes que nous faisons. Je ne vais pas garder cette formation pour moi, mais la partager et ce sera ma façon d’être citoyen ».

Au terme de cette formation, l’un des participants voyait déjà l’avenir, disant que « de la même façon que nos amies rwandaises viennent aujourd’hui nous donner ce message de paix, nous savons qu’un jour, c’est nous, les Centrafricains, qui pourront aller porter la lumière de la paix à ceux qui en ont besoin. »

Un garçon de 20 ans retenait la confiance faite aux jeunes : « Merci à vous les adultes : vous avez compris les jeunes. Vous ne vous êtes pas mis à part. Dans les formations, habituellement, quand c’est les pauses, les adultes se mettent à part. Là, on a tout vécu ensemble, on a travaillé ensemble, mangé ensemble, partagé les mêmes nattes pour dormir. Vous n’avez pas imposé vos idées. Vous n’avez pas non plus pris nos idées. On a construit nos idées ensemble ».

Après avoir suivi ces formations, et muni d’un jeu des 30 images ainsi que du guide pédagogique, chaque participant va désormais chercher à proposer ces animations aux enfants ou aux jeunes auprès desquels il est engagé habituellement. Geoffroy en est convaincu : « notre pays passe des moments où tous doivent jouer leur partition pour la paix. Je ferai le meilleur pour transmettre ce que j’ai reçu dans ma communauté. Portée par les vecteurs que nous sommes, une épidémie de paix va se propager, au point de devenir une question pour les chercheurs et analystes». Et, de fait, malgré la précarité de leur situation, Geoffroy et Modeste ont déjà entrepris, comme en témoignent les photos ci dessous, de transmettre à leur communauté la formation reçue. Et ensemble, la décision a été prise d’entreprendre un champ collectif de solidarité, comme contribution concrète à la paix.