Delphine Leroux-Astier, Grenoble, February 2006
Le Comité de Solidarité avec les communautés du Bas Atrato de Colombie
Comment accompagner de France une expérience de paix en Colombie ?
L’histoire d’un partenariat
Ce collectif d’organisations non gouvernementales s’est constitué en 1997 à l’initiative du directeur du CINEP – Centre de Recherche et d’Education Populaire - , Gabriel Izquierdo. L’appui international étant capital à ses yeux, le CINEP s’est adressé au CCFD (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement) pour lui demander d’organiser en France un soutien aux Communautés de Paix naissantes. Le but de ce comité était de favoriser l’accompagnement permanent des communautés de paix et de mettre en place un réseau de soutien à ce processus. A l’origine, il était prévu que chacun des comités locaux parraine une communauté. Cela n’a pas pu se réaliser, à cause des difficultés de communication et de l’évolution même de cette expérience. Mais l’appui moral et politique du processus s’est structuré et ainsi, est né le «Comité de Solidarité avec les Communautés de Paix de Colombie » .
La coordination, assurée jusqu’en 2002 par le CCFD, l’est aujourd’hui par l’Ecole de la paix.
Les membres du comité sont :
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L’ACAT ( Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture)
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Le CCFD (Comité Catholique contre la faim et pour le développement)
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L’Ecole de la Paix Grenoble
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France Libertés
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La FPH ( Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme)
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Le MAN ( Mouvement pour une alternative Non-violente)
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Pax Christi France
Les membres observateurs sont :
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PBI (Brigades de Paix Internationales)
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Amnesty International
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Médecins du Monde
En Colombie, les partenaires du projet sont le Diocèse d’Apartado, et le CINEP.
Le CINEP (Centre d’investigation et d’éducation populaire) est une ONG, crée en 1972 par la compagnie de Jésus, qui centre aujourd’hui ses travaux sur la recherche de la paix. Son travail se structure autour de trois axes thématiques (violence, droits de l’homme et paix ; pauvreté et développement ; mouvements sociaux) et trois axes régionaux (Meta, Uraba et Madgalena Medio).
En France, des groupes locaux de soutien aux communautés de paix se sont formés à Mâcon, Lille, Agen, Grenoble et Rodez.
Le soutien international à une expérience de résistance civile et de construction de la paix
Ainsi, depuis 1997, le Comité de solidarité accompagne les communautés en assurant une veille internationale. Cet appui moral et politique s’est traduit par une présence régulière sur le terrain, notamment lors du retour symbolique sur l’Arche de Noé, et régulièrement à chaque date anniversaire des Communautés de Paix. Par son intermédiaire, les Communautés de paix ont obtenu le Prix des Droits de l’Homme de la République française, en 1998. Des campagnes de lettres ainsi que des manifestations ont été menées pour protester contre les assassinats des leaders des communautés, notamment celui d’Edwin Ortega, assassiné par les FARC en décembre 2000, deux mois après avoir effectué un séjour en France pour témoigner de la difficile condition des communautés de paix.
Le comité de solidarité a également appuyé financièrement des projets afin de contribuer au renforcement organisationnel des communautés. Il a soutenu la mise en place de projets socio-économiques - développement de la production et de la commercialisation de produits - d’activités de soutien psychosocial, des formations aux droits humains. A titre d’exemple, en 2001, le Comité de solidarité a financé un atelier de menuiserie pour les jeunes.
Suite à la création d’ASCOBA – Association des Conseils Communautaires et Organisations du Bas Atrato - , le Comité de solidarité avec les communautés de paix est devenu le Comité de solidarité avec les Communautés du Bas Atrato. Il poursuit une activité de plaidoyer auprès du gouvernement colombien et du ministère français des Affaires Etrangères, en dénonçant toutes les violations des droits humains auprès des autorités compétentes, en faisant remonter des informations et des revendications. Par des actions de sensibilisation, le Comité fait connaître en France l’expérience de résistance de ces communautés, comme un processus original de construction de la paix.
Le Comité contribue également à la présence de volontaires internationaux qui accompagnent les communautés et permettent la communication entre la France et la Colombie. Un volontaire français a travaillé deux ans au sein de l’équipe du CINEP.
Aujourd’hui, le Comité travaille, aux côtés de plusieurs insitutions –nationales et internationales – au renforcement de l’organisation ASCOBA, en permettant le fonctionnement de deux comités thématiques : les comités Ethnie et Territoire et le Comité Droits de l’Homme.
Commentaire :
Par un soutien modeste et continu, le Comité de solidarité accompagne les communautés en faisant connaître leurs difficultés, leurs drames, leur lutte, leurs revendications. Cette présence internationale, même lointaine, est importante et permet qu’un regard extérieur témoigne de cette situation de conflit chronique, caractérisée par de nombreuses violations des droits fondamentaux. Dans cet effort de solidarité internationale, les organisations françaises ont tenu à travailler ensemble et à relever le défi de la coopération et du partenariat.
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