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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris

L’État au cœur, le meccano de la gouvernance. Auteurs : Pierre Calame et André Talmant.

Deux ingénieurs des Ponts et Chaussées ayant travaillé pour des services publics s’inspirent de leur expérience pour esquisser les voies par lesquelles l’État peut et doit s’adapter au monde d’aujourd’hui.

Mots clefs : Principe de solidarité active | Théories de paix | Société Civile Locale | Gouvernement français | Prévenir des conflits | France

Réf. : Editions Desclée de Brouwer, 1997.

Langues : français

Type de document :  Ouvrage

L’ouvrage débute par un exposé sur les dysfonctionnements de l’administration publique en France et sur l’incapacité des dirigeants à les résoudre. Cette situation durera selon les auteurs tant que l’État pratiquera un dirigisme plus ou moins conscient et que l’administration ne prendra pas en compte les échelles pertinentes d’administration.

  • Une éthique de l’intelligibilité

Il ne faut pas seulement chercher à réorganiser l’administration mais aussi repenser le rôle de l’État et les rapports qu’il entretient avec la société civile. Aussi les auteurs proposent-ils des pistes pour repenser le service public.

En diagnostiquant les dérives bureaucratiques concernant l’application des règles, ils réclament d’abord une "éthique de l’intelligibilité", un effort de pédagogie des administrateurs à la fois envers les administrés et envers eux-mêmes. Une telle éthique permettrait de rendre visible pour chacun la finalité des règles, afin de les consigner dans leur légitimité dernière : l’intérêt général.

  • Une éthique du dialogue

De même, plaident-ils pour une "éthique du dialogue" au sein de l’État, une attention de tous les instants à garantir les conditions par lesquelles les acteurs concernés puissent s’exprimer et s’écouter. Il faut que l’État se réinscrive dans le maillage social, qu’il cesse de se penser hors de la société, voire au-dessus d’elle, pour se penser partenaire, partie prenante de la collectivité. La noblesse et la force de l’État devraient moins résider dans son pouvoir d’intervention que dans son "pouvoir de convocation".

  • La notion de gouvernance

Plus généralement, c’est la notion même de gouvernance qui doit être redéfinie : dans le monde complexe et mondialisé d’aujourd’hui, charriant de nouveaux risques et de nouveaux défis communs, l’interdépendance des territoires impose une gestion globale, systémique des affaires humaines. C’est ce que les auteurs entendent par "gouvernance" : des mesures locales qui ignoreraient leurs implications mondiales, des solutions locales à des problèmes venus d’ailleurs ne seraient pas seulement irresponsables mais aussi inefficaces. Plus que jamais l’État doit donc apprendre à identifier la bonne échelle pour œuvrer utilement dans l’intérêt de tous.

  • Le principe de subsidiarité active

Enfin, pour fonder cette gouvernance, les auteurs proposent un juste milieu entre le jacobinisme, privilégiant l’harmonisation des différences et le principe de subsidiarité portant à la diversité un respect parfois paralysant.

Ils élaborent ainsi le "principe de subsidiarité active", pierre angulaire de leur pensée. Ce principe met l’accent sur l’importance des échanges entre les niveaux de gouvernance : une attention toute particulière doit être accordée à "l’articulation des échelles", car c’est bien au passage du local au global que se logent les enjeux fondamentaux de notre époque.

Commentaire

Cet essai ne propose rien de moins qu’une refondation de l’État : si le projet peut paraître ambitieux, les auteurs puisent toujours leur réflexion dans une expérience vécue, nourrissent leur propos de nombreux exemples concrets, donnant ainsi force et vigueur à la lecture.

C’est finalement à la fois à une critique et à un hommage à l’État que s’adonnent les auteurs. Leur critique est à la mesure des espoirs qu’ils placent dans le service public. S’ils lui reprochent son anachronisme, son archaïsme parfois, son inadaptation souvent, c’est parce qu’ils lui destinent une haute mission, celle de canaliser et d’humaniser la mondialisation.