Silvia Gurrieri, Paris, janvier 2005
La conquête de l’eau
Ce dossier, rassemblant des articles parus dans Le courrier de la planète, Histoire et Développement, Le Courrier de l’Unesco, Futuribles et Libération, présente les multiples aspects de la relation entre l’homme et l’eau, ainsi que les problèmes de gestion et de partage de cette ressource noble et limitée dans une vingtaine de pays du Sud et de l’Est du monde.
Réf. : Editions Charles Léopold Mayer, Paris 1995
Langues : français
Type de document :
Les articles composant le dossier sont regroupés en trois parties correspondant à trois axes de réflexion autour de la gestion et du partage de l’eau : le social, l’écologique et le politique.
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La première partie :
Les articles de la première partie montrent comment la nécessité de recueillir et de partager l’eau a conduit les hommes à se doter d’une première structuration sociale. L’île de Bali présente un système d’irrigation hiérarchique organisé en une forme sociale autonome, le sutak, qui est à la fois une unité technologique, sociale et religieuse.
Les exemples du Maroc, du Yémen et de la Tunisie nous informent de la manière dont les constructions techniques ont favorisé la mise en place de l’institution sociale. Dans un village du Sénégal, la gestion collective permet de conserver et d’améliorer les ressources naturelles : les responsables du village adoptent des mesures pour mieux maîtriser la fertilité des sols et pour augmenter la disponibilité en eau lors de la saison sèche. Les cas du Pérou et de la Bolivie témoignent de la façon dont les sociétés andines ont réussi à transformer les contraintes naturelles en atouts pour l’utilisation de toutes les ressources.
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La deuxième partie :
Cette partie du dossier, "autour de l’écologie", donne des exemples du recours difficile à la technique. En URSS, l’homme a payé un lourd tribut à l’aménagement hydrotechnique : 120 000 personnes ont été transplantées en raison de la submersion de leurs habitations. En Syrie, les grands aménagements hydrauliques présentent des inconvénients au niveau écologique. En Amazonie brésilienne, les peuples vivant des disponibilités offertes par la nature, doivent aujourd’hui faire face aux entreprises produisant pour les marchés internationaux et dévastant la forêt et menaçant ainsi leur survie. Dans le marais de la Laguna Merin en Uruguay, un conflit oppose les "environnementalistes" se battant pour préserver un écosystème menacé et les "productivistes" qui souhaitent continuer la riziculture extensive. En Tchécoslovaquie, le gouvernement a adopté des mesures (comme la taxation des engrais azotés et les actions de formation) pour limiter les dégâts sur l’eau de l’usage d’intrants, d’engrais et de pesticides.
L’élevage nomade au Sahel constitue une des meilleures valorisations de cette zone semi-aride, à condition que les relations politiques avec les agriculteurs soient réglementées.
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La troisième partie :
Les articles de la dernière partie montrent comment l’installation d’une institution politique peut être favorisée par une organisation économique adéquate. À Java par exemple, la pratique d’une riziculture intensive pendant des siècles a contribué à renforcer la cohésion des communautés villageoises. Au Pérou, la construction d’un système de distribution de l’eau dans certains quartiers de la capitale participe à l’organisation politique des habitants.
Le dernier article présente enfin le rôle stratégique de l’eau dans la construction de la paix au Moyen-Orient.
Commentaire
La relation de l’homme à l’eau a connu différentes phases et évolutions dans le temps et dans l’espace. Les articles présentés dans ce dossier nous montrent la variété des dimensions de cette relation complexe du domaine social au domaine de l’écologie et de la politique. Les sociétés du monde entier doivent résoudre les problèmes liés à la gestion, à la distribution et à la sauvegarde de cette ressource naturelle fondamentale. S’impose alors la nécessité d’un usage plus rationnel de l’eau, prenant en compte son caractère inépuisable.
Dans un monde de plus en plus peuplé, mais riche de ressources limitées, la gestion de l’eau n’est plus un problème concernant chaque pays séparément, mais l’ensemble de la planète. Il faut donc unir et coordonner toutes les forces présentes pour éviter le gaspillage et la détérioration de l’eau, ainsi que pour en assurer une répartition plus équitable et pour éviter les conflits à venir.