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Marie Louise SIBAZURI, mayo 1999

Expérience vécue d’une situation de conflit au Burundi

Expérience en tant qu’artiste.

Lorsqu’en février mars 1994 la crise sanglante ravage certains quartiers de la capitale Bujumbura, toutes les activités culturelles s’arrêtent, des troupes organisées se terrent ou se disloquent.

Je dirigeais un théâtre-ballet « GEZA AHO » qui se trouvait être le plus ancien (crée en 1981) et côté par le public comme étant le meilleur. Comme les acteurs avaient été sélectionnés non à base ethnique mais sur la compétence individuelle, nous étions un groupe uni mais on ne peut plus mélangé.

Comme nous étions des mordus de notre art, nous ne voulions pas non plus abandonner d’autant plus que nous étions conscients que c’était à des moments pareils que notre message était le plus utile. Plusieurs tentatives pour jouer en salle s’avérèrent un fiasco. Il nous a fallu alors trouver d’autres stratagèmes car nous avions compris les deux défis majeurs auxquels on était confrontés :

  • Les gens avaient peur de se regrouper dans une salle close

  • L’ethnie des acteurs ne permettait pas à la troupe de se rendre sans danger dans les quartiers « ethniquement purifiés ».

Partant du fait que nous ne voulions pas jouer le jeu des divisionnistes et rompre notre troupe, et que nous ne voulions pas non plus arrêter notre message, nous avons opté pour la solution suivante :

  • Créer des pièces de théâtre en rapport avec la situation que nous vivions, faire des représentations physiques là où la sécurité le permettait ;

  • Sinon, réaliser la pièce en vidéo et en assurer une large diffusion non seulement par le biais de la télévision nationale mais surtout par des tournées, même dans les quartiers ethniquement purifiés où la projection était assurée par les acteurs qui s’y sentaient le moins en danger.

  • Enregistrer et monter la pièce en audio pour atteindre un plus large public par le biais de la radio nationale.

C’est ainsi que la troupe a pu répandre son message sur les normes de comportement humanitaire en période de conflit :

  • Les femmes et les orphelins du SIDA ;

  • Jeunesse et sexualité en vue d’une parenté responsable ;

  • La femme dans le camp des déplacés ;

  • Les violences contre les femmes dans la crise burundaise.

Toutes ces cassettes sont disponibles mais comme elles ont été conçues pour l’éducation populaire, elles sont toutes en Kirundi. Comme de plus en plus le public (les auditeurs) réagissait pour remercier la troupe de son intérêt pour les problèmes rencontrés par la population en cette période de conflits, la troupe aidée par une ONG (Search for Common Ground) a démarré une série radiophonique sur la cohabitation pacifique, UMUBANYI NI WE MURYANGO (« Le voisin c’est d’abord lui, la famille »), pour montrer aux gens que partout où il y a des hommes, il y a toujours des conflits mais que tout conflit peut trouver une solution pour peu que les personnes concernées se donnent vraiment la peine de s’asseoir ensemble pour chercher une solution.

La série passe en épisodes le lundi et le vendredi pendant vingt minutes à partir de 20h. L’enquête menée en septembre 1998 par des journalistes indépendants étrangers a montré que 60 % de la population burundaise suivait cette émission qui vient en deuxième position après les informations. Ceci est un record dans la mesure où une bonne partie des auditeurs n’ont pas de poste de radio et doivent se déplacer pour suivre la série chez des voisins. A mon départ du Burundi, je venais de terminer l’écriture de 200 épisodes pour assurer la diffusion jusqu’au 10 juillet 1999.

Parmi les stratégies mises en jeu pour la réussite de ce défi, j’en citerai surtout une. Le fait que les acteurs et moi-même ayons essayé de garder une neutralité dans le conflit par rapport à nos faits et gestes. Nos dialogues justifient tous les travers et touchent à tous les problèmes, mêmes ceux considérés comme tabous. Cela a demandé quelques sacrifices. Moi-même en tant qu’auteur de la série, pour éviter que certains de mes personnages incarnant par exemple les politiciens soient vus sous un angle partisan, j’ai renoncé à mon siège au parlement. Quand on veut s’investir à fond dans quelque chose, il faut savoir y mettre du sien. A l’heure actuelle, le théâtre-ballet GEZA AHO est le seul d’avant 1993 qui ait survécu tout en continuant à livrer son message. Les problèmes n’ont pas manqué mais on a essayé de s’adapter !

Commentario

Ce texte est une contribution au travail mené par le chantier Yin Yang (masculin-féminin)de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire en marge de la Conférence internationale pour la Paix de La Haye (mai 1999) sur le thème « Femmes et paix ».