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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, San José, Costa Rica, juin 2003

L’élaboration d’une pensée innovante pour la construction d’un monde plus pacifique : le travail de l’université de la paix des Nations Unies au Costa Rica. Présentation faite par Henri Bauer lors d’une visite à cette Université en 2003.

L’Université de la Paix des Nations Unies à Costa Rica a entamé ses travaux au coeur du conflit centre-américain ayant comme objectif contribuer à la pacification de la région. Les grands domaines de travail étaient la culture de paix, les respect des droits humains et la gestion des ressources naturelles.

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L’Université de la Paix, installée sur une extension d’environ 310 hectares au coeur de la réserve biologique « El Rodeo » , dans la vallée centrale de Costa Rica, à environ une heure de san José, c’est un laboratoire pour l’élaboration d’une pensée innovante au service de la construction d’un monde plus pacifique.

C’est en 1980, lorsque la région centre-américaine était ravagée par les guerres civiles, que l’Assemblée Générale des Nations Unies a décidé ce créer L’Université de la Paix et de l’instaurer au Costa Rica. Ceci pour plusieurs raisons: il s’agissait d’une région très conflictuelle où la violence faisait des ravages dont la construction de la paix était urgente; le Costa Rica était le seul pays de la région centre-américaine connaissant une situation de paix depuis de nombreuses années; la population du Costa Rica porte une culture de démocratie et de paix bien enracinée dont elle se sent fière; c’est le peuple de Costa Rica et son gouvernement qui ont proposé aux Nations Unies d’installer l’Université dans leur pays.

L’Université de la Paix a entamé ses travaux au coeur du conflit centre-américain ayant comme objectif contribuer à la pacification de la région. Les grands domaines de travail étaient la culture de paix, les respect des droits humains et la gestion des ressources naturelles. Les questions traitées concernaient donc les régimes autoritaires, les dictatures, la doctrine de la sécurité nationale, la doctrine marxiste révolutionnaire, les mouvements guérilleros, la guerre froide, les guerres civiles, les droits de l’homme, la démocratie, les modalités de construction de paix, les accords internationaux, etc. Ces questions étaient abordées dans le cadre d’une formation universitaire supérieur et d’un travail de recherche scientifique étroitement liés au travail sur le terrain.

Bien que dans ces années 1980 le travail de l’Université était méconnu hors de l’Amérique Latine, celui-ci contribuait efficacement aux réussites du processus de démocratisation et de pacification de la région, « Esquipulas » , notamment par l’élaboration d’outils intellectuels et de instruments de pensée venant enrichir les perspectives et les propositions de paix. M Oscar Arias, premier acteur du « plan de paix » pour l’Amérique Centrale et prix Nobel de la Paix en 1987, est aujourd’hui le Président du Conseil d’Honneur de l’Université.

A la fin des années 1990 l’Université est entrée dans un processus de réadéquation à un contexte international qui évoluait énormément amenant avec lui des défis nouveaux pour la paix. En 1999 a été mise en place une réforme profonde, l’Université a choisi de renforcer son rôle d’acteur international d’éducation et de formation à la paix par le biais de deux évolutions majeurs.

D’abord par la réadaptation de ses contenus de travail. Le pensum a été totalement réadapté. Des personnes d’horizons et d’expériences différentes ont constitué une nouvelle équipe d’enseignants chercheurs. Les domaines de travail sont aujourd’hui la gestion de conflits liés aux ressources naturelles, la solution de controverses par le biais du droit international, l’analyse sur les droits humains, l’éducation à la paix, les questions de genre homme/femme, la quête de modèles alternatifs de développement et des questions liées à la sécurité internationale. Des nouveaux chantiers sont en train d’être abordés, concernant notamment les questions de sécurité environnementale, les relations entre les moyens de communication et la paix, le désarmement et la non prolifération nucléaire. En 2003 a été ouvert un Département d’Education à la Paix spécialisé dans l’analyse des conflits internationaux et des enjeux de la paix mondiale.

Ensuite par son ouverture à l’international. Deux bureaux internationaux ont été ouverts, l’un à Genève, l’autre à New York, ayant comme fonction l’instauration de liens avec d’autres institutions travaillant pour la paix dans le monde, notamment dans le domaine du symbolique. Par la suite, des bureaux régionaux ont été ouverts en Afrique, en Asie Centrale, en Asie Pacifique et en Amérique du Sud. Un « Centre Mondial pour la résolution de conflits » a été également instauré à Bogotá, en Colombie, au coeur du conflit le plus long et le plus meurtrier de l’Amérique Latine contemporaine. Cette ouverture à l’international se déploie aussi par des partenariats avec d’autres organismes travaillant pour la paix dans le monde, destinés à enrichir les échanges symboliques de ressources pour la paix à niveau mondial: plusieurs réseaux fonctionnent actuellement avec des universités et centres de recherche sur les 5 continents. L’ouverture internationale se développe aussi grâce à des rencontres avec des responsables politiques, économiques, intellectuels, etc. à l’échelle mondiale.

Commentaire

L’Université de la Paix des Nations Unies s’insère dans une dynamique plus large. Comme le disait M Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies et Président Honoraire du Conseil de l’Université, même si le monde possède d’innombrables ressources, il est aujourd’hui traversé par la pauvreté, l’injustice et la violence: afin de favoriser la paix dans le monde, il est impératif mettre en oeuvre un mouvement mondial d’éducation à la paix. En effet, la construction de la paix est aujourd’hui parmi les défis majeurs pour l’avenir de l’humanité et de la vie.