Fiche d’expérience Atelier : Israël-Palestine : stratégie non-violente et rencontre internationale pour la résolution du conflit.

Lyon, juillet 2006

Bilan des organisateurs de la rencontre entre israéliens et palestiniens à Lyon mai et juillet 2006

Bilan des organisateurs de la rencontre et de la population de l’agglomération lyonnaise.

Mots clefs : Travailler la compréhension des conflits | Dialogue entre les acteurs de paix | Résistance civile et pacifique à la guerre | Intervention civile de paix | Mouvement pour une alternative non violente (MAN) | Palestine | Israël

I. Pour les organisateurs

Le premier constat est la satisfaction d’avoir pu mener à terme un tel projet, et d’avoir atteint les objectifs au-delà des espérances. Cette réussite apporte beaucoup d’espoir et d’encouragement pour poursuivre dans cette direction et renouveler ce type d’action.

La démarche proposée pour la construction d’un dialogue inter-communautaire a pu être validée par l’observation du déroulement des différents débats : importance des temps de préparation aux dialogues, importance de la définition du cadre et du contenu. C’est ainsi que les remarques de prévention formulées au cours de la rencontre de mai avaient été prises en compte, mais une fois le climat de confiance établi, une demande d’échanges sur les sujets délicats a pu être fortement exprimée.

Nous constatons que les temps de parole, de « régulation », prévus quotidiennement (« météo » personnelle, « débriefings » intra et inter associations) ont permis de réajuster en permanence nos prévisions, notre organisation, aux besoins et demandes des participants. En effet, ces moments ont été bien utiles pour la gestion des émotions de chacun, pour l’adaptation du programme à l’évolution du groupe, et aussi pour l’équipe d’organisation. D’ailleurs, lors des journées à Lyon où le groupe était plus dispersé et où la régularité de ces temps a été plus aléatoire, nous avons observé les effets, ne serait-ce qu’au niveau de l’équipe d’organisation (tensions et stress supplémentaires). Le fait que les organisateurs ne dormaient pas sur place (chacun rentrait à son domicile par souci d’économie sur le budget) a peut-être accentué cette difficulté à respecter la régularité des débriefings et augmenté les tensions par manque de concertation.

Un autre aspect de l’organisation a également facilité le bon déroulement de cette rencontre, c’est la définition des différentes fonctions à assurer : animation, facilitation, traduction, « gardien du temps », prise de notes, prise de photos et de vidéo, que nous avions réparties entre nous, avec une mise au point régulière.

Enfin, le bon fonctionnement de l’équipe d’organisation a certainement été facilité par une culture commune de la régulation non-violente des conflits, des expériences diverses d’animation de groupe, et le temps passé ensemble à la préparation du séjour. Ceci a permis une cohérence indispensable.

Les améliorations à apporter concerneront prioritairement la question de la maîtrise de l’anglais en particulier pour l’équipe d’organisation, pour pouvoir mieux comprendre et reprendre les points importants lors d’un débat tendu ou animé, ou pour faciliter l’expression du langage non-verbal et d’une écoute empathique.

L’autre point de vigilance sera porté à la gestion du temps, plus particulièrement dans le respect d’un rythme moins soutenu.

L’implication de personnes militantes et bénévoles sur un tel projet est très lourde à porter, depuis la préparation jusqu’à la réalisation finale (10 jours complet). L’utilisation de personnel salarié est nécessaire à l’avenir.

Dès la fin du séminaire, les organisateurs ont pu apprécier les perspectives possibles pour y donner suite :

  • De retour dans leurs pays, les participants ont continué leurs échanges, par le biais du courrier électronique, y compris sur un sujet sensible - celui de la guerre au Sud Liban qui venait de commencer.

  • Un autre groupe du MAN (à Nancy) se propose d’organiser un deuxième séminaire pour l’été 2007.

Cependant, nous restons conscients que de grandes différences culturelles, sociales et d’opinions politiques intra et extra communautés seront des obstacles à dépasser pour continuer à travailler ensemble. La difficulté de se déplacer, ne serait-ce que pour se voir et se rencontrer, reste une préoccupation majeure. L’élargissement à d’autres associations palestiniennes mais surtout israéliennes est nécessaire pour envisager des répercutions sur le conflit. L’implication de nos partenaires européens est aussi à envisager.

II. Pour la population de l’agglomération lyonnaise

Nous n’avons pas réellement effectué une évaluation de l’impact de ce séminaire dans son contexte d’accueil (les structures d’hébergement, le public rencontré). Toutefois les paroles reçues de la part de quelques personnes présentes dans l’une ou l’autre des réunions publiques sont tout à fait encourageantes :

« J’ai 31 ans, je vis à Lyon, et c’est la première fois que je vois dans la même salle des Israéliens et des Palestiniens qui travaillent ensemble pour la paix. »

« Merci pour votre message qui donne un peu de lumière dans une actualité si désespérante. Je pense que tout effort de dialogue, si petit puisse-t-il paraître au milieu de la violence des armes, est un signe d’espoir. Votre initiative va dans ce sens, et les jeunes Israéliens et Palestiniens qui se seront rencontrés à Lyon en juillet sont porteurs de ce message d’espoir. »

« Nous étions, ma femme et moi, à la soirée du 11 et nous avons beaucoup apprécié la connivence qui s’est établie en si peu de temps entre Israéliens et Palestiniens. Vous avez mis au point une technique de médiation très élaborée. Bravo à toute votre équipe pour un si bon résultat. »

III. Aspect matériel

Les échanges ont eu lieu en anglais uniquement. Aussi, la présence d’une personne pouvant effectuer toute la traduction a été très appréciée, car le soutien pour certains intervenants français était nécessaire, surtout lors des apports théoriques et pour gérer les moments de débats animés

Il est important d’avoir une bonne couverture par les médias : communiquer avant l’événement, et préciser les créneaux où une intervention serait possible.

La réalisation d’une soirée publique est importante : elle permet de faire connaître l’initiative, ses origines, ses objectifs et les moyens pour y parvenir. Elle permet aussi aux personnes des associations de rencontrer physiquement les participants.

Enfin, une très bonne préparation matérielle est nécessaire pour être dégagé des problèmes logistiques et être entièrement disponible à l’esprit de la rencontre : papier, stylos, ordinateur avec liaison internet (très important), vidéo projecteur, musique et sono, …

IV. Rôle du MAN

Le MAN a été incitateur de la rencontre, puis catalyseur et enfin régulateur de la parole. Il a joué le rôle de médiateur entre les deux parties en étant organisateur en début de rencontre puis accompagnateur de la prise en charge par les quatre associations. Le MAN a eu le souci du maintien du cadre.

Le but a été de permettre aux participants, qui étaient réservés et un peu méfiant au début, de «s’apprivoiser» en douceur pour favoriser ensuite des échanges sur les sujets délicats. Les apports théoriques ont aussi joué ce rôle de médiation.

L’expérience militante du groupe de Lyon depuis de nombreuses années a permis la mise en réseau dans l’agglomération des énergies (personnes et institutions), lesquelles ont permis à cette initiative de voir le jour positivement.

Merci à tous les acteurs.

Commentaire

La construction du dialogue inter-communautaire a été un grand succès, même si certains sujets auraient pu être poussés un peu plus loin.

Pour la population cette rencontre a été une découverte sur l’existence d’associations qui se battent pour la paix dans le conflit israélo-palestinien et sur la possibilité de dialogue entre elles.