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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’expérience Dossier : Les Organisations Non-Violentes en France

Guillaume Gamblin, Paris, janvier 2007

MIR : branche française de l’IFOR

Le MIR - Mouvement International de la Réconciliation - est engagé en France depuis les années 20 contre les guerres et pour la promotion d’une non-violence active inspirée de l’Evangile. Le mouvement, membre d’un mouvement international interreligieux, intervient sur les thèmes de l’éducation à la non-violence, du rapport entre les religions et la paix, ou encore de la lutte contre les injustices, dans une réflexion de fond et en réaction à l’actualité internationale.

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I. Du scandale de la guerre à la promotion de la non-violence active

C’est face au scandale de la Première Guerre Mondiale qu’est créée l’IFOR, International Fellowship of Reconciliation, en 1919, d’une prise de conscience par des chrétiens de nationalités et de confessions différentes, de l’absurdité d’une guerre préparée activement et opposant des peuples et des personnes se déclarant frères en Christ. Dès la fin de la guerre, l’IFOR s’oppose aux conditions humiliantes imposées à l’Allemagne par les pays vainqueurs et choisit dès la départ une ligne internationaliste en rupture avec les nationalismes étroits adoptés par les Etats et les Eglises à l’époque. Le mouvement est à l’origine majoritairement protestant, et s’inspire du témoignage de groupes tels que les Quakers. Mais il gagne progressivement en diversité tant confessionnelle que religieuse, et géographique.

Le mouvement ne cesse de s’étendre et de créer des branches en Europe et dans d’autres continents. Dans les différentes branches nationales, se retrouvent un certain nombre d’engagements récurrents : de nombreux membres du mouvement se déclarent objecteurs de conscience, et l’IFOR figure parmi les pionniers dans la lutte pour la reconnaissance du droit à l’objection, dans les législations respectives de chacun des pays en question ( France, Belgique, puis plus tard en Suisse, en Italie, etc…). Ce thème met le mouvement en situation d’opposition avec les Etats, et avec une part importante de la société, qui refuse cette idée au nom du respect des soldats morts au combat. Mais également dans une situation de dialogue contradictoire et vigoureux avec les Eglises elles-mêmes, qui sont amenées à réfléchir et évoluer sur cette question. Le mouvement étend également sa réflexion au-delà des violences militaires, dans l’opposition à l’ensemble des violences et des injustices d’autres natures : économiques, sociales, politiques. Il cherche à développer en contrepartie tous les aspects d’un programme constructif orienté autour de la justice sociale et du respect de la vie. Un engagement est accompli en particulier auprès des plus pauvres et des exclus

Les branches de l’IFOR s’engagent durant la Seconde Guerre Mondiale auprès des victimes du conflit, puis dans les décennies qui suivent, contre le nucléaire et pour le désarmement. Un combat important est mené contre les discriminations raciales aux Etats-Unis, dès 1942, puis dans le mouvement des droits civiques auprès de Martin Luther King, membre de l’IFOR. Les combats se poursuivent jusqu’à aujourd’hui autour des axes déjà évoqués, ainsi que contre les guerres (Vietnam, Golfe, Irak…) et pour l’émancipation des peuples.

L’IFOR s’est particulièrement développée dans l’hémisphère Sud durant la seconde moitié du XXe siècle, sur les cinq continents : elle est à l’origine de la création du SERPAJ (Sevicio Paz y Justicia) en Amérique Latine , et le mouvement philippin Akkapka, à l’origine de la chute du dictateur Marcos en 1986, était alors un mouvement affilié de l’IFOR, et en devient plus tard une branche. L’action du mouvement se traduit particulièrement aujourd’hui par la promotion d’une culture de non-violence. Six membres de l’IFOR, décédés ou vivants, ont reçu le Prix Nobel de la Paix : entre autres Martin Luther King, Mairead Corrigan, et Adolfo Perez Esquivel.

II. L’IFOR aujourd’hui

L’IFOR se mobilise de façon particulièrement importante autour de la « Décennie pour une culture de non-violence et de paix au profit des enfants du monde », promulguée par l’Assemblée Générale de l’ONU en 1998 pour la décennie 2001-2010. C’est en particulier Pierre Marchand, représentant de l’IFOR à l’UNESCO, qui est à l’origine de l’initiative. Mais c’est également dans l’animation des coordinations nationales et internationale pour cette Décennie que sont investis les membres du mouvement, comme il sera vu plus loin.

En 2000, l’IFOR prend acte d’un certain nombre de difficultés que traverse le mouvement, tant au point de vue financier, avec un déficit global important, qu’humain, concernant l’équipe des salariés du secrétariat international. Le Conseil International se concentre alors largement autour de ces graves difficultés, et des décisions difficiles sont prises, comme la suppression momentanée de la plupart des programmes, afin de relever les finances. Un comité directeur intérimaire est alors élu pour deux ans, avec pour mission de remettre l’IFOR sur les rails, de favoriser une réflexion des branches sur l’avenir du mouvement, et de préparer un nouveau conseil deux ans plus tard. C’est donc en 2002 que se tient le dernier Conseil International en date de l’IFOR, qui réunit plus de 70 participants issus de 23 pays. Après cette suspension partielle des activités au niveau international, le mouvement poursuit une période de transition, mais les finances sont assainies après cette période de « jachère » nécessaire.

Le programme international « Femmes artisanes de paix », essentiellement financé par le gouvernement hollandais, se poursuit depuis 1992, date de sa création au sein de l’IFOR. Son but est d’appuyer les mouvements de femmes engagées pour la paix et la non-violence, d’encourager l’implication des femmes dans les processus de construction de la paix, et leur reconnaissance en tant qu‘acteurs essentiels. Parmi ses dernières réalisations, notons qu’un rassemblement a été organisé en Equateur en 2002, qui a réuni des femmes originaires de tout le continent, engagées contre les injustices de manière non-violente. Des formations à la non-violence auprès de femmes engagées sont également mises en place dans divers pays : Timor Oriental, Kenya, Etats-Unis, au Congo, etc… Ces formations sont l’occasion de réfléchir entre autres à l’apport spécifique des femmes à la résolution des conflits.

Actuellement l’IFOR est présent dans plus de 40 pays sur les cinq continents, avec des branches entre autres à Madagascar, au Zimbabwe, au Japon, au Bangladesh, en Palestine, en Israël, en Belgique, en France, en Suède, aux Etats-Unis, en Nouvelle Zélande, etc…, des groupes entre autres en Croatie, en Lituanie, en Australie, au Tchad, en Afrique du Sud, au Népal, en Corée du Sud, aux Philippines, etc…, et enfin des groupes affiliés dans nombre de ces pays ainsi qu’au Sri Lanka, en Thaïlande, au Chili, etc…

III. Une internationale non-violente

L’IFOR, International Fellowship of Reconciliation, est présente dans plus de quarante pays dans le monde, en Afrique, Europe, Asie, Amériques et Océanie. Il rassemble des mouvements nationaux engagés dans un esprit de fraternité interreligieuse au service actif de la non-violence partout où la misère, l’injustice ou la guerre défigurent la dignité humaine. Il existe des groupes, des branches, ainsi que des organisations affiliées à l’IFOR, qui sont intégrés à divers degrés dans ses structures, les branches constituant les bases nationales du mouvement, et les organisations affiliées ayant simplement des liens de collaboration avec lui, car se reconnaissant dans un même esprit.

En temps habituels, tous les quatre ans se tient un Conseil International auquel sont délégués des membres de toutes les branches de l’IFOR, pour définir les grandes orientations du mouvement. Il est également un espace de rencontres conviviales et d’échanges ou de formations sur des thèmes de travail ; un lieu où se joue la cohésion et la vitalité de l’IFOR au niveau international. Lors de ce Conseil International, est élu sur la base d’un consensus le Comité International. Celui-ci se compose de sept membres, dont trois (le président, le vice-président, et le trésorier) forment le Comité Exécutif, qui se réunit régulièrement, et est censé représenter en son sein un reflet de la diversité du mouvement, en gardant un équilibre entre les sexes, les origines géographiques et les appartenances religieuses et confessionnelles des adhérents.

En temps ordinaire, ces deux instances assurent le fonctionnement du mouvement, elles n’ont pas un pouvoir de décision mais sont chargées d’appliquer les orientations prises lors du Conseil International. Leurs membres désignent un secrétaire international qui est particulièrement chargé du suivi des différents initiatives du mouvement, de la coordination entre les branches, et des relations extérieures.

Le Comité Représentatif se réunit au moins une fois entre chaque Conseil International ; il est composé des membres du Comité International, ainsi que de représentants de chaque continent. Il a pour rôle de vérifier la conformité des décisions du Comité International aux orientations quadriennales, et de poser un regard sur l’action du secrétariat.

Le siège de l’IFOR est situé pour le moment à Alkmaar aux Pays-Bas ; un déménagement vers Genève est en discussion, afin de le rapprocher d’instances internationales diverses. Il est à noter que l’IFOR entretient déjà des relations suivies avec nombres d’entre elles, comme la Conseil Œcuménique des Eglises, et qu’il dispose notamment d’un statut consultatif à l’ONU et à l’UNESCO.

La base religieuse du mouvement constitue une dimension essentielle de celui-ci : il regroupe en son sein des adhérents et des groupes de religions et de confessions multiples, dans un esprit de dialogue et d’ouverture.

La base financière de l’IFOR est constituée par les apports conjoints des groupes nationaux. A partir de ces finances, outre le fonctionnement ordinaire de la structure et des différents programmes internationaux, des aides et soutiens spécifiques ou d’urgence peuvent être apportés à certains groupes en fonction de leurs situations respectives, de leurs difficultés et de leurs projets. Ainsi une solidarité concrète entre artisans de la non-violence au niveau international est mise en œuvre au sein de ce réseau.

L’IFOR est reconnue légalement sous la forme de « Stichting », fondation de droit hollandais. Le mouvement diffuse une lettre électronique internationale intitulée « IFOR in action ».

Des membres de la branche française du MIR ont régulièrement été investis de fonctions et responsabilités internationales au sein du mouvement : ainsi Marie-Pierre Bovy a été présidente de l’IFOR de 1992 à 1996, et des membres comme Jean Goss, Henriette Tourne ou Christian Renoux ont été membres du Conseil d’Administration d’IFOR.

Coordonnées :

  • Adresse : MIR / Cahiers de la Réconciliation, 68 rue de Babylone, 75007 PARIS

  • Tel : 01 47 53 84 05

  • E-mail : mirfr@club-internet.fr

  • Site web : www.mirfrance.org

Commentaire

L’IFOR est particulièrement actif dans la cadre de la « Décennie pour une culture de non-violence et de paix au profit des enfants du monde », il a également mis en place le programme international « Femmes artisanes de paix » dont le but est d’appuyer les mouvements de femmes engagées pour la paix et la non-violence, d’encourager l’implication des femmes dans les processus de construction de la paix, et leur reconnaissance en tant qu’acteurs essentiels.

L’IFOR, est présent dans plus de quarante pays dans le monde, en Afrique, Europe, Asie, Amériques et Océanie. Il rassemble des mouvements nationaux engagés dans un esprit de fraternité interreligieuse au service actif de la non-violence partout où la misère, l’injustice ou la guerre défigurent la dignité humaine.

Notes

Sources :

  • Entretiens avec Christian Renoux, du 22 Mai et du 6 Novembre 2003.

  • Numéros des Cahiers de la Réconciliation.

  • Numéros du Bulletin d’information du MIR.

  • Brochures de présentation du MIR.

  • Texte " La non-violence et ses racines évangéliques. Orientations de la branche française du MIR », 1988.

  • « Lettre des Milles Collines » n°8.