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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Julien Bidalot, Paris, mai 2005

L’Afrique qui réussit : vie et combats d’un leader paysan guinéen. Auteurs : Moussa Para Diallo et Jean Vogel.

Cet ouvrage - "l’Afrique qui réussit" - écrit à quatre mains par Moussa Para Diallo et Jean Vogel respectivement ingénieur agronome et coopérant français, retrace l’aventure du développement rural de la région Timbi Madina en Guinée. Acteurs de ce développement à la fois original et durable, car fondé sur l’implication de tous les habitants et autonome des grandes institutions financières, les auteurs témoignent des expériences, tant positives que négatives, de leurs parcours pour instituer dans la région de Timbi Madina un développement socio-économique durable au service des populations locales.

Mots clefs : | | | | | |

Réf. : Auteurs: Moussa Para Diallo et Jean Vogel., Atelier du Développement. Syros et Fondation pour le Progrès de l'Homme, Paris 1996

Langues : français

Type de document : 

La structure de l’ouvrage s’articule autour de la vie de Moussa Para Diallo, véritable "enfant du pays" qui a traversé les grandes phases historiques de la Guinée post-coloniale.

D’une économie étatisée au retour de l’économie de marché dans les années 1980, avec l’ouverture commerciale et financière qui l’accompagne, Moussa Para Dialo a connu au cours de sa vie professionnelle les modèles économiques dominants de son époque.

Mais quelle que soit la structure économique du pays, il n’a cessé de prôner l’organisation de communautés paysannes, autonomes dans la définition des enjeux et des objectifs de leur propre développement.

En effet, tout l’intérêt de cet ouvrage est de présenter un modèle de développement alternatif, fonctionnel et actuel pour les campagnes africaines et ce, en explicitant toutes les difficultés rencontrées par les auteurs. Dans ce cadre, le développement n’est pas seulement une idée généreuse, au nom de laquelle la naïveté et le paternalisme des sociétés du nord ont pu se déployer sans limites. L’expérience de ces organisations paysannes démontre plutôt que le développement est avant tout solidaire et avec des buts précis, refusant la croissance à tout prix.

L’auteur pointe certains dysfonctionnements dans l’organisation socio-économique de son pays et de l’Afrique en général.

Le principal problème auquel les acteurs du développement rural sont confrontés est de faire face aux intérêts de type clientélistes. Ainsi, une fois les projets acceptés, l’afflux de financements provenant de l’aide au développement rend la pérennité des actions menées aléatoire. La volonté d’accéder aux crédits de l’aide internationale entraîne par contrecoup d’une part l’afflux d’expert déresponsabilisant les habitants et d’autre part un afflux financier entretenant un "art de plaire" dont l’objectif est de percevoir de l’argent sans investissement dans le long terme.

 

La volonté de voir aboutir des projets de développement locaux passe ainsi, pour Moussa Para Diallo, par un renversement des façons de faire et de penser les projets.

Il préconise de démontrer les bienfaits de son action par l’établissement d’évaluations des actions menées pour convaincre la population.

L’exemple de la mise en culture de la pomme de terre dans la région de Timbi Madina est à ce titre révélateur. Les paysans étaient tout d’abord réticents, mais la démonstration que l’économie finance le social et ainsi le revenu général de la population porta ses fruits. Les paysans prenaient dès lors de plus en plus de responsabilités et on suggéra qu’ils devaient contrôler toute la filière, de l’achat des semences à l’écoulement de la production.

Le but de ce projet était donc de renouveler les modèles de développement fondés notamment sur l’aide aux plus gros producteurs dont l’activité est censée tirer vers le haut le reste des producteurs. Cette volonté de réduire au maximum les intermédiaires provoqua de vives contestations, mais la volonté de communiquer autour de ce projet permit de gagner le soutien des médias et ainsi d’assurer la viabilité du projet.

Ce modèle de développement alternatif s’appuie donc sur l’autonomie des paysans à tous les stades de la production et sur une communication active pour entretenir des relais institutionnels et médiatiques.

La fin du livre s’ouvre sur une réflexion du rôle de la population d’immigrés notamment en France et sur la canalisation des effets négatifs du pouvoir. En effet, les communautés paysannes regroupées en fédération ont acquis aujourd’hui une notoriété à l’intérieur même des institutions du pays et des institutions de coopération à l’international. Dès lors, se pose la question de la gestion de ce pouvoir et de ses conséquences au sein des communautés de paysans.

Commentaire

Ce livre qui retrace comme nous l’avons évoqué ci-dessus le développement par les habitants d’une région de Guinée pose, au travers d’une vision subjective de différents projets, une question essentielle, à savoir quel modèle de développement choisir pour les régions rurales africaines. À partir d’exemples concrets comme celui de l’implantation de la pomme de terre, accompagnés de nombreuses anecdotes, les auteurs entretiennent une lecture dynamique et accessible à tous.