Experience file Dossier : La construction de la paix selon la Banque mondiale : principes, pratiques, résultats

Florence Croidieu, Paris, 2002

La Banque mondiale en Afghanistan (2002) : soutien à un projet de réhabilitation d’urgence du secteur éducatif.

Les objectifs du projet sont : accroître l’accès à l’éducation pour les groupes marginalisés, réformer la gestion de l’éducation, introduire les technologies modernes de communication et d’information pour l’enseignement à distance.

Keywords: Technologies’ exchanges to promote peace | | | | | | | | | | | Afghanistan

L’accès à l’éducation en Afghanistan et la qualité de celle-ci sont très faibles. En 2000, le pourcentage d’enfants allant à l’école primaire a été estimé à 38 % pour les garçons et 3 % pour les filles, et le pourcentage concernant l’enseignement secondaire et supérieur est encore pire. Une étude financée récemment par la Banque mondiale estime que, dans les années 90, environ 500 personnes par mois étaient victimes d’explosion de mines. L’Afghanistan est probablement le pays ayant la plus grande population d’handicapés au monde. Les femmes et les enfants sont parmi les plus touchés par les décennies de guerre et les politiques de marginalisation. Les politiques de réhabilitation post-conflit doivent prendre en considération tous ces aspects.

I. Description du projet

L’objectif global du projet de réhabilitation du secteur éducatif est de soutenir le Programme d’urgence pour l’éducation du Gouvernement afghan. Le projet va aider à :

  • Accroître l’accès à l’éducation pour les groupes marginalisés tels que les femmes et les enfants. La première composante du projet a pour but de soutenir ceux qui n’ont pas pu avoir accès à l’éducation, en utilisant des systèmes formels ou informels de promotion de l’apprentissage.

  • Réformer la gestion de l’éducation à tous les niveaux, en collaboration avec la société civile, les ONG et le secteur privé. Cette composante du projet inclut: (i) le développement de directives pour le secteur de l’éducation et (ii) le développement d’outils pour les écoles et institutions de qualité.

  • Introduire les technologies modernes de communication et d’information pour l’enseignement à distance. Le but de cette composante est double : (i) aider à renforcer la capacité du Gouvernement afghan à accélérer la planification, la mise en œuvre et la gestion du processus de reconstruction et (ii) fournir des équipements pour l’enseignement à distance afin de soutenir les processus de réforme de la gestion de l’éducation et de construction de capacités.

Ce projet a été approuvé par la Banque mondiale en juin 2002. La Banque accorde à cet effet un prêt de 15 millions de US dollars au Gouvernement afghan.

Le projet a été prévu pour répondre au besoin urgent de rétablir le bon fonctionnement du système éducatif afghan. Mais, en même temps, il inclut des activités destinées à aider le Gouvernement de transition et les autres destinataires à préparer un cadre politique solide et une stratégie sur le long terme afin que les investissements de ce projet aient un impact sur les programmes futurs.

II. Les responsables

La 1ère composante sera mise en œuvre par des ONG ayant travaillé ces dernières années en collaboration avec des communautés locales afghanes. En plus de leur travail de promotion des outils éducatifs, ces ONG vont être chargées de fournir une assistance technique à de plus petites ONG nationales, incluant la formation de professeurs.

Pour la mise en œuvre de la 2ème composante du projet, un certain nombre de fonctionnaires publics seront choisis par les Ministères de l’éducation et de l’éducation supérieure et rendus responsables de la bonne marche des activités.

L’Autorité afghane d’assistance à la coordination sera responsable de la mise en œuvre de la 3ème composante.

III. Leçons apprises et durabilité

Comme pour tous les projets qu’elle mène dans des situations post-conflit, la Banque mondiale s’est appuyée sur un certain nombre de leçons apprises dans le cadre de missions concordantes. En ce qui concerne l’élaboration de ce projet, la Banque a pris en compte des leçons apprises au Timor oriental, en Sierra Leone et au Kosovo. Il en ressort deux conséquences majeures:

  • Ce projet est basé sur une approche programmatique qui débuta par une évaluation des besoins des différents secteurs. Pour ce faire, il repose sur une forte collaboration entre partenaires afin d’assurer l’utilisation optimale des ressources.

  • Ce projet a pris en compte le savoir et l’expérience d’autres acteurs du développement présents en Afghanistan, tels qu’UNICEF ou des ONG internationales.

Commentary

Le financement de ce projet n’ayant été approuvé que très récemment, des modifications sont encore possibles et toutes les activités présentées ici ne seront peut-être pas inclues au projet final.

Cette fiche montre que la Banque mondiale peut financer des projets très divers dans le cadre de ses interventions post-conflit. Tous ne sont pas une réussite, mais il semble que ce projet, parce qu’il prend en compte les problèmes propres à l’Afghanistan, tels que la faible alphabétisation des femmes ou la marginalisation des handicapés, et parce qu’il promeut la collaboration du gouvernement afghan et de la société civile, a toutes les chances d’être un succès.

Notes

  • Le rapport complet relatif à ce projet (« Afghanistan Emergency Education Rehabilitation and Development Project » ) est disponible dans la partie Documents & Reports du site de la banque mondiale : www-wds.worldbank.org