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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, 2005

La religion, facteur de paix. La religion, facteur de violence

Les institutions religieuses possèdent aussi bien un potentiel de paix que de guerre. Elles peuvent jouer le rôle de pacificateurs, et peuvent aussi être utilisées pour justifier la guerre.

Mots clefs : Utilisation de la religion pour la guerre, utilisation de la religion pour la paix | Elaboration et utilisation du symbolique | Utilisation de l'imaginaire | Elaborer une culture de la tolérance et de la négociation pour gérer des conflits

Les religions sont à même, par leur force d’incitation morale, de promouvoir, voire d’instaurer la paix sur terre. Les religions se sont aussi souvent structurées en institution avec une loi (droit canon, Charia…), une morale, un « siège social », un patrimoine financier, une hiérarchie pyramidale (pape et évêques ; patriarche et pope…)

Si cette organisation centralisée fut établie pour échapper aux prises de pouvoirs dynastiques, celle-ci a contribué à faire des religions des institutions. On retrouve de plus dans « institution » la notion d’acte fondateur, très importante dans le cas des religions révélées par un prophète.

Il faut toutefois noter que les grandes religions monothéistes n’ont pas toutes atteint le même degré d’institutionnalisation : la religion musulmane a hiérarchisé ses serviteurs, des imams jusqu’au calife ; la religion juive se retrouve autour des institutions reçues par Moïse mais peu développées du fait de la diaspora ; les cultes protestants se sont établis sur le déni des institutions temporelles de l’Église.

Quoi qu’il en soit, les instances religieuses et leur hiérarchie ont une force d’influence considérable pour instaurer la paix en argumentant à partir de la morale initiale. Cette morale initiale peut toutefois tout aussi bien servir les intérêts guerriers (croisades, Djihad).

Le clergé catholique se devait à une époque d’être le garant de la paix régnant au sein de son royaume. Cet impératif a pu le conduire à mener des guerres de conquête pour étendre la « Jérusalem terrestre » en cours de constitution.

L’allégeance à l’institution religieuse a toujours été considérée comme une nécessité pour assurer la paix. Les luttes contre les hérétiques et les cathares ; l’inquisition espagnole et le principe de l’excommunication ont été menés au nom de l’unité de l’Église.

Toutefois, l’origine de la réforme protestante se trouve précisément dans cette critique de l’Église en tant qu’institution, les fidèles n’ayant pas besoin d’intermédiaire terrestre pour communiquer avec leur dieu.

Les institutions religieuses sont aujourd’hui plutôt perçues comme régulatrices des pulsions de leurs ouailles. Au moment de la prise d’otage des journalistes français en Iraq (Aubenas, Chesnot, Malbrunot), l’État français s’est adressé immédiatement aux responsables français du culte musulman pour influer sur leur libération. Les institutions religieuses (de quelque religion monothéiste qu’elles soient) cautionnent rarement officiellement l’intégrisme, mais préfèrent au contraire rassembler les courants sous un dogme unitaire.

Toutefois, les institutions religieuses et leurs représentants peuvent faire l’éloge de la guerre, morale puisque sainte. Dans ce cas, le pouvoir politique ressort le principe de laïcité pour contrecarrer des signes martiaux. On craint le pouvoir d’influence que peuvent détenir certains « fondés de pouvoir » de leur religion : le gouvernement anglais instaure des mesures de rétorsion judiciaires contre les imams prêchant le Djihad, le gouvernement français s’est élevé contre des imams et les mouvements religieux sectaires sont étroitement surveillés.

Les institutions religieuses possèdent donc aussi bien un potentiel de paix que de guerre. Elles peuvent jouer les pacificateurs. Elles peuvent aussi être utilisées pour justifier la guerre.