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, Paris, 2002

Construire la paix aujourd’hui : la responsabilité des acteurs

L’important est de retenir la préoccupation commune des acteurs de paix, qui est celle du rejet de l’inacceptable, et l’affirmation selon laquelle chaque être humain - quelles que soient ses origines, sa nationalité, sa religion - a droit à un cadre de vie où son existence ne soit pas mise en danger, où il puisse s’épanouir.

Le monde bouge, sans arrêt évolue et se transforme. Les relations internationales, parce qu’elles touchent à la vie des hommes, à leurs aspirations et à leurs contradictions, revêtent un caractère dynamique de mouvement perpétuel. La majeure partie de la seconde moitié du vingtième siècle s’est caractérisée par la Guerre froide, par l’affrontement de deux modèles de société antagonistes. Cela s’est traduit par des orientations politiques, économiques et militaires conduisant à une situation à mi-chemin entre la guerre et la paix.

Le basculement de la fin des années 1980, avec la chute du Mur de Berlin et le démantèlement progressif de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, a instauré une nouvelle donne. Il a en quelque sorte constitué la porte d’entrée du processus de mondialisation que nous connaissons aujourd’hui : affirmation du capitalisme économique, développement technologique, essor des télécommunications et des transports… L’on pourrait dire que le changement caractérise la période actuelle. Certains parlent d’une « accélération de l’histoire ». Mais au cœur de ce monde, la violence n’a pas disparu. Le temps n’est sans doute plus aux affrontements militaires classiques, d’Etat à Etat, opposant une armée structurée et hiérarchisée à une autre. Le processus conflictuel est aujourd’hui plus insidieux, plus fragmentaire, et les premières victimes en sont bien souvent les populations civiles.

Dans ce contexte, la paix se révèle une exigence complexe ; les actions politiques, diplomatiques et militaires ne suffisent plus : il faut désormais tenir compte, au moment d’engager la reconstruction, des conséquences économiques, sociales, symboliques, psychologiques de la guerre. De ce fait, la responsabilité d’une multitude d’acteurs est engagée - les Etats naturellement, acteurs traditionnels des relations internationales, les organisations internationales, mais également les représentants de la société civile (organisations non-gouvernementales notamment, secteur associatif…) ainsi que ceux du monde économique - car une dialectique étroite existe entre le développement, la démocratie et la paix. Au cours des dernières années, les exemples d’actions menées sur le terrain par ces intervenants se sont multipliés (ex-Yougoslavie, Proche-Orient, régions des Grands lacs), avec plus ou moins de réussite, des espaces de collaboration se sont créés et des passerelles ont été tendues. Malgré les difficultés, les ambiguïtés parfois, l’important est de retenir la préoccupation commune de ces acteurs, qui est celle du rejet de l’inacceptable, et l’affirmation selon laquelle chaque être humain - quelles que soient ses origines, sa nationalité, sa religion - a droit à un cadre de vie où son existence ne soit pas mise en danger, où il puisse s’épanouir. Des expériences, nombreuses, sont là pour nous montrer que le pire peut être combattu, et que des messages d’espoir sont envoyés.

A l’aube du 21ème siècle la construction de la paix est encore et toujours un des défis majeurs pour l’humanité. Les réponses proposées viennent des stratèges militaires qui s’expriment en termes de violence et de guerre, ou des spécialistes des sciences sociales qui parlent en termes de structures et de systèmes. En effet, si la paix tient au respect des droits humains et de la dignité de toute personne, elle n’est ni le résultat de la violence victorieuse ni un produit des structures sociales, la paix est aussi une question de personnes : elle est affaire d’attitudes, de valeurs. Voilà la perspective de ce dossier : l’une des questions centrales dans la construction de la paix aujourd’hui concerne la responsabilité des acteurs.

Auteur du dossier :

Christophe GARDA.

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